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LA RÉSURRECTION
D’UN
ÉTAT AFRICAIN

II[1]
L’ETHIOPIE D’AUJOURD’HUI


IV

Du haut de ses montagnes, qui ont tant de fois sauvé l’indépendance de l’Éthiopie, Ménélik observe avec une inquiétude prévoyante les possessions européennes qui, peu à peu, s’étendent autour de son empire, lui coupent toute communication avec l’extérieur et semblent vouloir l’étouffer. Pour parer à ces périls nouveaux, il faut que le Négus pénètre les intrigues et les ambitions étrangères et sache découvrir, sous le masque de la civilisation qui, trop souvent, les dissimule, les appétits impitoyables des marchands et les âpres convoitises des conquérans. Très bien informé des agissemens de ses nouveaux voisins, Ménélik s’applique à discerner quels États européens ont des intérêts en harmonie avec ceux de l’Éthiopie elle-même, quels autres au contraire pourraient être entraînés par les nécessités de leur expansion à une politique de conquête et d’asservissement. Le Négus n’oublie pas un passé encore très récent : son propre empire partagé par une diplomatie trop hâtive, l’invasion qu’il fallut repousser par la force au prix de tant de vies humaines, la

  1. Voyez la Revue du 1er avril.