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de détail, ils n’ont rien trouvé à réformer dans la doctrine que le maître avait édifiée.

Le bacille de Koch, dont nous avons déjà mentionné les caractères extérieurs, se rencontre dans tous les produits tuberculeux, quel que soit l’organe atteint, mais c’est dans les poumons des phtisiques qu’il se multiplie surtout, et l’expectoration de ces malades en renferme des quantités innombrables. Rejetés à l’extérieur, ils ne se multiplient pas, car ils sont incapables de se développer autrement qu’en parasites, mais ils présentent une résistance extraordinaire à la plupart des causes naturelles de destruction : la température la plus élevée de l’été n’affaiblit pas leur virulence, non plus que les grands froids de l’hiver ; l’humidité et la sécheresse leur sont également indifférentes ; desséchés et réduits en poussière impalpable, ils conservent leur pouvoir d’inoculation ; à l’état sec, on peut les soumettre à une chaleur de 100 degrés pendant plusieurs heures sans arriver à les tuer ; il est. vrai qu’en suspension dans un liquide, cinq minutes d’ébullition suffisent. Les divers antiseptiques connus ne les détruisent qu’en solution concentrée inapplicable sur l’homme vivant. Fait remarquable : comme la plupart des microbes, ils craignent le soleil ; exposés en couche mince aux rayons solaires directs, ils perdent leur activité en une demi-heure.

Dans certaines conditions assez mal déterminées qui les l’ont mourir lentement, ils se résolvent en spores encore plus résistantes, dont la vitalité latente est pour ainsi dire indéfinie.

Ensemencé dans un tube de sérum gélatinisé, le bacille tuberculeux donne, au bout de quinze jours ou trois semaines, des colonies qui, à l’œil nu, ont l’aspect de petites croûtes écailleuses et qui, au microscope, se montrent formées d’un épais feutrage de bacilles en tout semblables à ceux qui leur ont donné naissance.

Ces cultures bacillaires, traitées chimiquement, ont fourni à Koch un extrait d’une incroyable toxicité, qu’il a nommé la tuberculine : à ce poison organique, disons-le en passant, sont dues les propriétés délétères du bacille tuberculeux, qui détruit les élémens organiques avec lesquels il se trouve en contact et les transforme en une matière inerte, propre à lui servir d’aliment. Koch tenta d’utiliser la tuberculine dans une intention thérapeutique ; on sait assez que les résultats n’ont pas répondu aux espérances trop hâtivement conçues.

L’inoculation du bacille tuberculeux aux animaux permet de