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famille un bâtiment séparé, il y a un médecin-assistant logé dans l’établissement, puis un comptable chargé des écritures, et une surveillante en chef (Hausmutter) qui dirige le personnel subalterne et s’occupe de la cuisine. Les malades étant réputés capables de se servir eux-mêmes, il n’y a pas d’infirmiers proprement dits, mais seulement des filles de service et un ou deux hommes de peine chargés des nettoyages. Un mécanicien s’occupe des machines et de l’étuve à désinfection.

L’admission des malades est prononcée, sur la proposition des autorités compétentes, par une commission médicale qui n’accepte que les cas peu avancés, susceptibles de guérison. La durée moyenne du séjour est de trois mois, elle peut être abrégée ou prolongée sur l’avis du médecin-directeur.

Le prix de pension, assez variable suivant les établissemens, ne dépasse guère 3 fr. 50 à 4 francs par jour ; il est payé, tantôt par les caisses d’assurances, tantôt par les associations de bienfaisance, plus rarement par les malades eux-mêmes ; dans ce dernier cas, un prix réduit peut être consenti, et l’œuvre de patronage de l’établissement se charge de la différence ; elle pourvoit en même temps aux besoins de la famille privée de son chef.

La vie au sanatorium ne ressemble pas du tout à celle de l’hôpital : les malades, levés dès le matin, passent une partie de leur journée à se reposer dans les galeries de cure ou même en plein air quand le temps le permet ; ils font des promenades graduées selon leurs forces ; les plus vigoureux, réunis par groupes, se livrent à quelques travaux peu fatigans ; les repas sont pris en commun au réfectoire, et il y a des heures de récréation dans les salles de jeux. La discipline intérieure est très exacte ; un malade qui crache ailleurs que dans son crachoir de poche ou qui n’exécute pas à la lettre les prescriptions du médecin est impitoyablement renvoyé. La surveillance est confiée à des chefs de groupe, choisis parmi les pensionnaires, et qui ont pour mission de tenir la main aux soins de propreté. Chaque malade est obligé de faire lui-même son lit et de brosser ses effets.

Sauf exception, les visites sont interdites et les familles sont invitées à écrire le moins possible, car on a observé que ces lettres ont toujours un effet déprimant sur les malades, qu’elles portent à s’attendrir sur leur état. La préoccupation constante du médecin-directeur est, au contraire, de relever leur moral, de leur