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en Ligurie et en Sicile. En Grèce, les malades de la classe pauvre sont repoussés des villes et des villages, et ils se réfugient loin des habitations, dans des grottes ou des cabanes. La population pousse l’hostilité si loin qu’elle s’est opposée à l’ouverture d’une léproserie qu’un riche philanthrope, M. Mavrocordatos, avait voulu établir dans la vallée de Marathon. — La Roumanie compte quelques centaines de malades et deux léproseries : l’une à Rachitota, en Moldavie ; l’autre à Dobrugea. — L’empire ottoman est plus gravement infesté. Les cas sont nombreux dans les îles de l’Archipel, en Crète particulièrement. Les asiles où les lépreux sont rassemblés, lorsque leurs lésions deviennent trop graves pour leur permettre la vie isolée, sont, le plus souvent, misérables. Il y a, selon Zambaco-Pacha, plus de 600 lépreux ambulans à Constantinople, vivant de mendicité.


Il ne faudrait pas croire, d’après cela, que la lèpre soit surtout une maladie des pays chauds. Le Nord de l’Europe n’est pas plus épargné que le Midi. La maladie a sévi avec une intensité particulière en Norvège. En 1856, on y comptait plus de 3 000 lépreux. Une réglementation intelligente a eu raison du fléau en peu d’années. Cet heureux résultat est dû aux conseils d’un éminent léprologue, le docteur Hansen, l’auteur de la découverte du bacille qui est l’agent de la contagion. Il obtint du gouvernement un décret qui imposait l’isolement et la séquestration dans des asiles aménagés à cet effet. Cinq léproseries furent créées, dont trois à Bergen, une à Trondjhem et une autre à Molde. Trois de ces asiles sont devenus à peu près inutiles aujourd’hui : on n’en a conservé que deux. En 1890, le nombre des malades était tombé à 800. Il n’est plus, aujourd’hui, que de 180 environ.

Les provinces baltiques sont encore fortement atteintes : il y aurait, selon le docteur Dehio, plus de 600 lépreux en Livonie, une centaine en Courlande, et une centaine, encore, en Esthonie. Enfin, plus loin encore au nord, en Islande, la lèpre sévit avec intensité : c’est le pays d’Europe qui fournit le plus de lépreux par rapport à sa population. La proportion y est de 3 pour 100. La plupart vivent dans les fermes, acceptés par les habitans, sans répugnance. Le docteur Ehlers, de Copenhague, a obtenu, pour les malades plus sévèrement touchés, la création d’une grande léproserie dans la capitale de l’île, à Reikjavick. La lèpre est fréquente chez les Samoyèdes et les Ostiacks. Dans la Sibérie