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moderne et en ont fait une presqu’île rattachée à la terre par une longue et étroite bande de sable qui se dirige vers Paramé, qu’on appelle le Sillon, et que des remblais modernes ont seulement depuis peu considérablement élargie.

Au sud de ce rocher, un autre massif faisait saillie sur la même rive droite de la Rance et était occupé, à l’époque gallo-romaine, par une ville d’une certaine importance. C’était Alet, Atetum, qui finit même par remplacer Corseul, Fanum Martin, comme capitale de la petite tribu des Curiosolites et prit par conséquent la même dénomination officielle, Civitas Curiosolitorum. Alet est devenu Saint-Servan. Entre les deux rochers de Saint-Malo et de Saint-Servan débouche le Rothuau. Au commencement du siècle, la petite rivière formait à son entrée en mer un grand marécage. Cette lagune est complètement desséchée aujourd’hui, remblayée, en partie couverte de constructions modernes ; et c’est laque se trouvent les belles installations maritimes des deux villes longtemps rivales.

L’avant-port est naturellement commun. Il est protégé, au Nord, par une jetée curviligne de 250 mètres de longueur, au Sud, par la presqu’île rocheuse sur laquelle était autrefois le Castellum d’Alet et où se trouve aujourd’hui un vieux fort déclassé et la pittoresque tour Solidor. Entre ces deux appendices qui se recourbent comme les pinces d’un crabe gigantesque se développe une rade foraine qui comprend l’avant-port de Saint-Malo, l’ancien avant-port de Saint-Servan, l’anse des Sablons, et qui conduit à un immense port à marée, commun aussi aux deux villes. Mais Saint-Malo et Saint-Servan ont tenu à avoir chacun leur bassin à flot spécial et le possèdent aujourd’hui. Tous deux débouchent dans le port à marée qui les sépare et présentent les meilleures installations, — larges quais couverts de rails, cales, appareils de débarquement et une superficie qui permet d’escompter un très large avenir.

Le bassin à flot de Saint-Malo a, en effet, une surface de 17 hectares et près de 2 500 mètres de quais, celui de Saint-Servan 11 hectares et 1 500 mètres de quais. Saint-Servan peut jouir en outre de son ancien petit port établi dans l’anse naturelle qui sépare la tour Solidor de la pointe des Corbières ; mais ce petit bassin bien abrité est plus particulièrement affecté au service militaire et ne présente par conséquent presque aucun mouvement.