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la plage des bains aux Roches-Noires et qui est l’une des nombreuses attractions séduisantes de ce pays merveilleusement transformé.


VII

Il est impossible d’avoir des données un peu précises sur le régime hydraulique de l’estuaire de la Seine à l’origine de notre ère, à plus forte raison à une date plus reculée. Mais on ne peut cependant mettre en doute que de tout temps l’embouchure n’ait été comme et pratiquée par tous les navires qui faisaient escale le long des côtes de la Manche et de l’Océan, et que le fleuve n’ait été descendu et remonté à une assez grande distance dans l’intérieur de la vieille Celtique, bien avant l’établissement des premières routes régulières qui furent l’œuvre de la domination romaine.

Les documens cartographiques les plus anciens ne remontent guère à plus de cinq siècles et sont aussi incomplets qu’inexacts. Les cartes plus récentes du XVIIIe siècle sont plus intéressantes. Bien que datant presque d’hier, elles donnent à l’estuaire une largeur beaucoup plus grande que celle que nous lui voyons aujourd’hui, et cette largeur se prolongeait fort loin en amont. Des deux côtés du fleuve s’étendaient de vastes marais. L’embouchure était encombrée de bancs de sable extrêmement mobiles qui découvraient à basse mer ; et la navigation, en Seine, suivait deux chenaux sinueux, incertains et variables, longeant les deux rives au Nord et au Sud.

La Seine est certainement celui de tous les fleuves de France qui présente le régime le moins inégal ; et on n’y trouve pas ces extrêmes de grandes crues et de bas étiages, ces allures torrentielles et ces effrayans déluges suivis de sécheresses prolongées qui caractérisent la Loire et le Rhône et sont pour une navigation régulière et continue une cause périodique de chômages et de difficultés, presque une impossibilité absolue. En amont de Paris, depuis Montereau, la profondeur de la Seine est constante et régulière, à peu près 2 mètres, comme sur tout le réseau des voies navigables de la France. Mais depuis quelques années, des travaux d’aménagement et de régularisation très intelligemment conçus et exécutés, ont assuré, dans la traversée de Paris et jusqu’à Rouen, sur près de 250 kilomètres de longueur, un