Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 4.djvu/587

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mer. Si Rouen peut avoir eu quelques inquiétudes de la fortune rapide du Havre, comme Nantes de celle de Saint-Nazaire, comme Bordeaux de la création de Pauillac, les inquiétudes doivent être aujourd’hui dissipées[1].


IX

Duclair, Caudebec et Quillebeuf sont les seules escales d’une certaine importance de la navigation sur la Seine maritime entre Rouen et le Havre, les deux premières sur la rive droite, la troisième sur un cap avancé de la rive gauche qui avait autrefois une importance stratégique particulière.

Nous avons déjà dit que c’est précisément à Duclair que la Seine, avant les derniers travaux d’endiguement qui l’ont régularisée et disciplinée jusqu’au confluent de la Riscle, perdait ses allures de fleuve et prenait un aspect véritablement maritime. Près de 400 mètres de quai permettent à Duclair de desservir les groupes industriels voisins, et le mouvement local y dépasse 10 000 tonnes. Mais le principal avantage de cette escale, c’est que le mascaret ne s’y fait nullement sentir, et on attribue cet avantage à la profondeur et à la régularité du lit. L’arrivée du flot n’y produit aucune ondulation notable ; le chenal présente un fond de 11 mètres, même aux plus basses marées de morte-eau, et la tenue des ancres y est excellente pour tous les navires.

Caudebec et Quillebeuf sont au contraire dans la région même du mascaret ; mais les digues de la Seine, en augmentant les profondeurs, ont fait à peu près disparaître tout danger. Caudebec est une petite ville industrielle et manufacturière dont l’origine se perd dans la nuit des temps. Jadis fortifiée, elle a été tour à tour prise et reprise par les Anglais et a joué un rôle important dans toutes les guerres de religion. Les usines de la vallée de Sainte-Gertrude, que Caudebec dessert, voiturent sur ses quais une grande partie de leurs produits manufacturés. Le mouvement commercial, — plus de 20 000 tonnes, — est toujours en progression. Le port est en outre très fréquent ; par les caboteurs,

  1. Voyez Chéruel, Histoire de Rouen, 1840 : Licquet, Histoire de Rouen, 1870 ; De Cessart, Travaux du port de Rouen, 1806. — Cf. les Comptes rendus annuels des travaux de la Chambre de Commerce de Rouen ; E. Lavoinne, les Ports du Havre, de Rouen et d’Honfleur. — Encyclopédie des Travaux publics.