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pittoresque et militaire que le vieux port de la Rochelle a conservé.

Le port consistait simplement alors en une longue fosse qui correspondait à peu près à l’avant-port actuel, se prolongeait du côté où l’on devait plus tard creuser le bassin de la Floride, et communiquait avec une autre fosse qui devait devenir bientôt le Bassin du Roi, auquel on a eu le bon goût de conserver son nom et qui a gardé à peu près son ancienne forme et ses premières dimensions.

Presque tous ces travaux furent l’œuvre de Sully et de Richelieu, et on voit que les installations étaient en somme très rudimentaires. C’est en réalité de Colbert que datent les transformations les plus sérieuses et la création du premier bassin à flot. Vauban, dont le bon sens, le coup d’œil et le génie pratique ont pour ainsi dire préparé la plupart de nos avant-projets de ports de la Manche et de l’Océan, fit protéger le Bassin du Roi par une écluse busquée contre la mer. Il tenta même de ranimer Harfleur de sa décadence irrémédiable en ouvrant un canal latéral à la Seine, qui reliait les fossés de la ville déchue avec ceux du Havre, dont la prospérité augmentait tous les jours. Le canal de Vauban, qui amenait les eaux de la Lézarde, accrut bien un peu la puissance des chasses dans l’avant-port, contribua utilement au dessèchement de la lagune de l’Heure ; ce fut en quelque sorte l’ancêtre ou le précurseur du canal de Tancarville. Mais Harfleur ne put être sauvé.

En revanche, le Havre continuait à progresser d’une manière rapide, et la Compagnie des Indes en fit bientôt le siège d’un de ses principaux établissemens. A la fin du XVIIe siècle, il entretenait les relations les plus actives avec toutes les colonies françaises, la Louisiane, Saint-Domingue, l’île de France, le Canada et même l’Extrême-Orient. Le Bassin du Roi devint bientôt insuffisant, et on creusa les bassins de la Barre et du Commerce. En 1802, dans une de ces rapides visites qui passaient comme des éclairs et qui étaient toujours accompagnées d’ordres impérieux et suivies de quelques résultats pratiques, le Premier Consul déclarait que le Havre devait être le « Port de Paris, » ce qu’il est devenu en fait aujourd’hui, et ordonnait le creusement du bassin de la Floride.

Ce dernier était à peine terminé que de nouveaux besoins se faisaient sentir. Ce fut successivement le tour des bassins de