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Le 19 novembre 1757, après Rosbach, le comte de Saint-Germain écrivait à Duverney :

« Jamais armée n’a plus mal fait, et le premier coup de canon a décidé notre déroute et notre honte. Je conduis une bande de voleurs, d’assassins à rouer qui lâcheraient pied au premier coup de fusil et qui sont toujours prêts à se révolter. Jamais il n’y a eu rien d’égal. Le roi a la plus mauvaise infanterie qui soit sous le ciel et la plus mal disciplinée. »

Tout autres étaient les milices provinciales recrutées par tirage au sort.

La classe des miliciables se trouvait à la vérité très réduite par les exemptions, et le service pesait surtout sur les petites gens de la campagne. Ce ne fut qu’à partir de 1743 que toutes les villes furent contraintes de tirer au sort.

Toutefois, quoique le remplacement y fût admis, on peut affirmer que leur valeur morale était très supérieure, à celles des troupes réglées. Aussi le gouvernement fit-il à plusieurs reprises appel à leurs services, pour des opérations de guerre auxquelles elles n’étaient pas destinées.

En 1758, 15 bataillons de milices marchent en campagne. Le reste est employé sur les derrières de l’armée, ou reste à la garde des pinces françaises. Les régimens de grenadiers royaux sont formés de miliciens. Ils entrent en ligne dès 1757 et donnent dans la plupart des batailles. Ils trouvent dans diverses rencontres l’occasion de faire preuve de la plus brillante valeur. Un corps nouveau « les grenadiers de France » fut alors tiré des grenadiers royaux, comme ceux-ci l’étaient des milices. Dans cette guerre de Sept ans où le commandement en chef fut souvent incapable, tous ces grenadiers manifestèrent la supériorité du soldat venant de la conscription sur le soldat racolé. On le vit clairement au combat de Johannesberg, le 30 août 1702, comme à celui de Willemstadt. « Le régiment de Boisgelin, les grenadiers royaux ont fait des merveilles, » écrivait Soubise à Choiseul. De son côté, Condé disait : « Je ne saurais trop répéter que c’est à l’extrême valeur des troupes (4 bataillons de grenadiers de France et 6 bataillons de grenadiers royaux), qu’est dû le succès de cette journée. »

A Rosbach, la cavalerie se composait de 22 régimens français, 3 autrichiens et 3 impériaux, en tout 52 escadrons, sous les ordres du duc de Broglie. Elle fut attaquée par Seydlitz, avec