Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 11.djvu/534

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du Sahara. Ajoutons que les mois de novembre et de décembre où M. Foureau recevait ces averses, certaines assez fortes puisqu’elles l’arrêtaient, ne sont pas ceux des pluies habituelles dans cette région. Celles-ci tombent généralement en septembre. « Nous rencontrons (le 10 décembre) des emplacemens et de petits lits de ruisselets où ont dû séjourner une petite crue ou des pluies de septembre. » Une autre fois, toujours dans la même région, le 8 décembre, il nous parle d’ « éboulis de grès plus ou moins fin, sans cesse travaillés par de petits ouad correspondant aux nombreux ravins[1]. »

Si nous accompagnons la mission au fur et à mesure qu’elle avance vers le sud, nous relevons aussi dans le journal de M. Foureau la trace de pluies tout à fait au centre cette fois du Sahara et en plein plateau du Tassili, c’est-à-dire dans une des régions réputées les plus désolées : le 13 janvier : « Cette rivière a coulé, il n’y a pas très longtemps. » Le 14 janvier : « Tout ce plateau montagneux a reçu une certaine quantité de pluies l’été dernier. » 23 janvier : « Notre groupe s’ébranle au petit jour ; le temps est menaçant et la pluie tombe ensuite, du reste, par gouttes, jusqu’au milieu de l’après-midi[2]. » La mission chemina longtemps dans le lit parfois très large de nombreuses rivières, qui se trouvent à sec, à ce moment, ou ne présentent que de place en place des ghedirs ou mares, mais qui n’en constituent pas moins un système très complet d’écoulement des eaux. Le 16 décembre, dit le journal de la mission, « la colonne arrive aux abords d’une rivière qui se nomme Angarab, au point même où une énorme brèche dans son lit a formé une belle et sauvage cascade. Une coupure nette terminée par une table de roche s’enfonce à pic, à 25 mètres au moins ; au fond, une belle mare d’eau bleue, inaccessible du reste à cause des berges à pic, en haut, au contraire, un simple lit de torrent…. ; quelques cuves de roche sont pleines d’eau et beaucoup de nos hommes et de nos animaux y absorbent un liquide d’une admirable pureté. » A la date du 1er janvier 1899 : « C’est par ce couloir que l’ouad Afara, après avoir recueilli toutes les rivières ou tous les ravins d’amont, s’engouffre en se rétrécissant pour traverser tout le massif du Tassili, toucher la cuvette de Menkhour sous le nom d’ouad Tidjoudjelt, et enfin pour aller se perdre dans les dunes

  1. Mission saharienne, p. 53, 49.
  2. Ibid., p. 94, 96, 114.