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Timassânine, où le commandant Pein établit un poste ; M. Foureau y arriva vingt-cinq jours après son départ des environs d’Ouargla ; la distance paraît être à peu près 600 kilomètres : « Par sa situation, dit l’explorateur, par la nature de son sol et la proximité d’une nappe artésienne, ce point est appelé à se transformer dans l’avenir en une oasis importante[1]. » Il serait très désirable que l’on s’occupât de cette transformation et qu’on entretînt un poste en ce lieu ; il est à 1 300 kilomètres environ de la mer, et il n’y a pas plus que cette même distance de Timassânine aux premiers villages de l’Aïr, contrée à nombreuse population fixe.

D’Ain el-Hadjadj on s’engage dans la partie montagneuse qui constitue le Sahara central et forme la ligne de partage des eaux entre la Méditerranée et l’Atlantique. On met juste un mois (du 8 décembre au 9 janvier) à atteindre la ligne de partage des eaux, située à 1 360 mètres environ de hauteur. On suit, en général, des lits de rivière ; en premier lieu, on remonte l’ouad Samene : « sorte de long couloir à sol plan et sableux ou argileux d’une grande largeur, bordé de chaque côté par une haute chaîne de montagnes de grès de couleur très sombre[2]. » Pour passer d’un lit de rivière dans une autre, on traverse parfois des terrains tourmentés. On foule un sol de granit et des hamaada. Les pâturages sont moins continus ; mais il s’en trouve encore, de même que des puits. Le pays, quoique d’aspect sauvage, n’est pas dépourvu de ressources ni de possibilités d’amélioration, puisque c’est surtout dans cette région que se rencontrent les rivières ayant de l’eau soit apparente, soit souterraine. La mission y a souffert du froid. Déjà, le 2 décembre, à Aïn el-Hadjadj, à une hauteur de 470 mètres seulement, sur le versant nord du plateau du Tassili, le thermomètre était descendu la nuit à + 0°, 8 ; cette température basse n’était pas exceptionnelle ; les 15, 16 et 17 décembre, les minima furent + 0°, 8, + 3°, 5 et + 0°, 9, et les maxima de ces trois jours n’ont pas atteint 15 degrés. Le 19 décembre, le minimum nocturne fut de 4 degrés au-dessous de zéro et le 21 décembre de 3°, 5 également au-dessous de zéro. Le 4 janvier on notait la température la plus basse que la mission ait eu à subir, à savoir 10 degrés au-dessous de zéro[3]. On était alors à peu près au point culminant. Il y a donc un hiver

  1. Mission saharienne, p. 36.
  2. Ibid., p. 49.
  3. Ibid., p. 42, 61, 66, 67 et 86.