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nomades, et cet accident apparaît comme aisément réparable.

Même privée de ces puits, dont l’existence a été constatée jadis, cette région d’un peu au-delà de Tadent à In-Azaoua, la plus désolée du Sahara, est constamment parcourue par des caravanes, et elle n’opposerait aucun obstacle sérieux à l’établissement d’une voie ferrée, la plus grande partie de la route, au double témoignage de M. Foureau et de Barth, s’effectuant sur une immense plaine.

D’In-Azaoua à Iferouane, premier village de l’Aïr, premier lieu depuis Ouargla où une population d’une certaine importance réside dans des demeures fixes et se livre à des cultures régulières et variées, il y a 280 kilomètres. Le pays, d’après Barth, tout au moins à peu de distance d’Assiou (il ne parle pas d’In-Azaoua, est, avec quelques intermittences, très riche en pâturages (sehr reich an Krautwuchs), en beaux arbres, mimosas ou autres ; il offre de belles vallées vertes (schöne grüne Thäler), une végétation exubérante (üppige Vegetation) ; il a des arbres (thalas) d’une taille extraordinaire (von ungeheurer Grösse, riesige Thalas) ; tel serait le caractère de cette partie du Sahara, depuis le 21e degré et demi, jusqu’à l’entrée de l’Aïr, aux environs du 19e degré[1]. Le journal de M. Foureau n’y contredit guère ; il est moins enthousiaste ; l’explorateur français passe, d’ailleurs, en février, et Barth passait en août. Mais il relève fréquemment une belle végétation, une abondance de gazelles et d’antilopes de toutes sortes. « Partout dans les vallées se développe une belle végétation ; partout pullulent les traces de gibier, gazelles, antilopes, etc., la végétation dépasse ici tout ce que nous avions vu jusqu’alors : grands gommiers, Abisga, Teboraq, etc. Une longue et souple liane, l’arenkad, recouvre de temps en temps de hauts gommiers. » Il note des animaux nouveaux, parmi les oiseaux par exemple : corbeaux de grande taille, vautours chauves, bande de pigeons, puis des bœufs à bosse ou zébus[2]. Ces descriptions s’appliquent au pays qui est encore à une demi-douzaine d’étapes au nord de l’Aïr.

Enfin, l’on est dans l’Aïr, la région montagneuse du Sahara tropical ; c’aurait dû être le port pour la mission saharienne. Mais c’est alors qu’elle eut à lutter contre l’hostilité sourde des Touareg

  1. Barth, op. cit., voir les Annotations sur la carte 4 du premier volume de l’édition allemande originale.
  2. Mission saharienne, p. 148, 149, etc.