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Et pour mettre les personnes qui seront consultées à même de juger avec connaissance de cause, on va donner quelques détails sur l’enfant précieux dont il faut achever l’éducation.

M. le Duc de Bordeaux, qui a douze ans et demi, a fait sa première communion le 2 février 1832 ; il a une piété sincère ; les analyses qu’il fait pour son catéchisme, les prières qu’il écrit ensuite sont souvent des modèles sous le rapport du sentiment et du style.

C’est M. l’abbé de Moligny qui, depuis 1830, dirige M. le Duc de Bordeaux pour tout ce qui a rapport à la religion.

M. le Duc de Bordeaux est vif, son esprit est pénétrant ; il sait autant de latin qu’on peut en savoir à son âge. Il sait très bien la grammaire française, bien la grammaire allemande, il comprend bien l’anglais.

En géographie et surtout en histoire, M. le Duc de Bordeaux sait beaucoup. Il est capable de faire pour la France, l’Italie, l’Espagne, l’Angleterre et l’Allemagne, un tableau complet de l’histoire moderne, depuis l’invasion des Barbares jusqu’à nos jours. Il sait, non seulement les dates principales et les faits qui s’y rattachent, mais beaucoup d’autres et une infinité de faits ; il sait la généalogie des familles qui ont régné sur les pays que l’on a cités.

Toutes ces choses sont classées sans confusion. M. le Duc de Bordeaux aurait déjà quelques détails qui lui manquent sur les XVIIe et XVIIIe siècles, il aurait une idée précise des événemens de la Révolution, si par suite du dernier changement de résidence, les études historiques n’avaient souffert quelque retard.

A l’exception de ce qu’il voit dans les auteurs latins, M. le Duc de Bordeaux n’a que des notions légères sur l’histoire ancienne, il n’en a pas été occupé depuis 1830.

Un aperçu de l’histoire du Nord, l’histoire romaine et celle du Bas-Empire doit compléter le cours dont on espérait la fin dans les premiers mois de 1833, mais qui ne sera sans doute pas terminé avant le mois d’août de cette année.

Alors ce sera par des études littéraires que M. le Duc de Bordeaux se perfectionnera dans l’étude de sa langue ; il entretiendra ses connaissances en allemand et en anglais par la lecture d’ouvrages relatifs à ses autres études.

Alors devra commencer un nouveau cours d’histoire raisonné : on y examinera les effets des passions des hommes, la valeur de leurs lois, les causes et les effets des révolutions ; on en fera ressortir les principes de morale, de politique, de droit des gens et de droit public qui ont prévalu aux diverses époques.

L’histoire, la littérature et les sciences mathématiques seront les seuls objets des études de M. le Duc de Bordeaux. Maintenant, ce prince n’a sur les mathématiques que les idées pratiques qu’il a été possible de lui donner.

Tel est le tableau de ce qui a été fait et celui de ce que l’on se propose de faire ; on va maintenant donner quelques détails propres à faire mieux apprécier encore les qualités qui devront distinguer le nouvel instituteur qui sera chargé désormais de l’enseignement de l’histoire et de celui des lettres.