Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 11.djvu/700

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’ainsi un aspect essentiel de l’histoire navale a été indûment négligé.

La portée de ces considérations générales a été fort bien saisie en Angleterre : « La science et son application raisonnée, l’intelligence et sa discipline, ne sont certainement nos points forts dans aucun département de l’activité humaine. Nous avons l’énergie en abondance, mais elle est le plus souvent mal dirigée par défaut de science, ou bien elle est consommée sans résultat visible dans un effort pour vaincre la résistance qu’opposent les rouages grinçans de notre mécanisme administratif suranné. Il y a théoriquement toute raison de supposer que la préparation à la guerre dans notre marine n’est nullement à l’abri de ces maladies auxquelles toute l’histoire nous la montre sujette dans les conditions d’une longue période de paix. » (Times du 30 décembre 1901.)

Le président Roosevelt, dans l’Histoire de la Marine Royale de M. Laird Clowes[1], dit : « L’outillage de combat sur mer est aujourd’hui si délicat et si compliqué qu’une large opportunité doit être donnée non pas seulement pour le produire, mais pour apprendre à s’en servir convenablement. »


IV

Dans un chapitre de l’Annuaire naval anglais pour 1901, intitulé la Guerre et sa principale leçon, on relève ces observations dont le développement se retrouve en maints endroits des écrits de Mahan : « Quand la paix, et surtout une longue paix, prend fin, les méthodes qu’elle a introduites sont le premier ennemi que les défenseurs organisés d’un pays aient à vaincre… Le succès dans une guerre est proportionné à l’étendue de la victoire préliminaire sur la prédominance d’impressions dérivées des habitudes et des exercices d’une force armée pendant la paix. » L’écrivain cite de célèbres applications historiques de ce principe, depuis les défaites des Perses à Platée et des Athéniens à Syracuse, jusqu’à celle des Prussiens à Iéna, des

  1. The Royal Navy. A History from the earliest times to the present, VII vol., par M. William Laird Clowes, avec la collaboration de Markham, Wilson, Fraser, Mahan, Roosevelt, etc. Le sixième volume a paru récemment ; M. Théodore Roosevelt, aujourd’hui président des États-Unis, y a écrit la « Guerre de 1812 ».