Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 11.djvu/836

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déclare avoir voulu voter pour… M. Y…, porté comme ayant voté pour, déclare s’être abstenu… »

M. X…, d’ailleurs, aussi bien que M. Y…, trouble d’une déclaration inexacte la limpide véracité de l’Officiel. M. X… voulait peut-être voter pour, mais son « boîtier » mal instruit l’a fait voter contre, et M. Y… avait une raison de s’abstenir que ledit « boîtier » ne connaissait pas. De là un embrouillamini, des complications, dont il n’est pas jusqu’au personnel, secrétaires-rédacteurs, employés du bureau des procès-verbaux, huissiers même, qui ne souffle et ne se plaigne. Tout le monde donc, et tous les partis sont d’avis que là-dessus, et sur le règlement en général, il y a à redire et à refaire, et beaucoup, et vite. De deux côtés surtout on paraît s’en être inquiété, je veux dire s’en être occupé ; et peut-être, si les grandes choses, — ce que notre médiocrité appelle de grandes choses, — ont de petits commencemens, est-ce de ce petit commencement que la législature nouvelle tirera son caractère et prendra son orientation.

Tous les partis, encore une fois, s’en mêlent, mais surtout deux partis, dont le groupe socialiste forme l’un, et non le moins ardent ni le moins pressé. (Bien entendu, il n’est question ici que des socialistes de gouvernement, ministériels et parlementaires.) L’un des chefs de ce groupe, pas très nombreux, mais très résolu, très discipliné, on pourrait dire le plus hiérarchisé, par conséquent le mieux organisé de tous, son délégué à la parole, M. Jean Jaurès, s’est hâté de saisir la première occasion de révéler ses sentimens et ses desseins. Le principal semble être, pour l’instant, — on a pu le voir lors de l’élection de la commission du Gaz parisien, — de changer radicalement le mode de nomination des commissions, et, tandis qu’elles étaient jusqu’à présent nommées par la Chambre divisée en onze bureaux tirés au sort, de les faire nommer dorénavant par la Chambre tout entière en séance publique. Ce n’est qu’une modification au règlement ; ce serait toute une transformation de régime ; et c’est bien parce qu’ils veulent cette transformation de régime que les socialistes proposent cette modification au règlement. Ils ont, au surplus, le mérite de ne pas dissimuler ; et, pas plus tard que le 5 juillet, dans la crainte sans doute d’être devancés ou contrariés, voici ce qu’ils nous faisaient savoir par un de leurs journaux, l’Aurore, qui peut en la circonstance être tenu pour une source certaine :