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C’est, si je ne me trompe, ce que l’on a appelé, du nom de son auteur, l’amendement Berthelot ; et il est excellent en principe : on ne peut lui reprocher que de nôtre pas assez radical. Il n’y a qu’à le reprendre et à lui donner de l’accent. Quiconque le fera est assuré d’être suivi par une grande partie de la Chambre et par l’opinion presque tout entière : à peine lui manquera-t-il l’approbation des aspirans fonctionnaires ; mais il aura l’applaudissement des contribuables, qui sont citoyens et électeurs eux aussi, et méritent, eux aussi, des égards.

La nuance ne m’échappe pas, et je vois parfaitement que dans les articles 51 et 51 bis, dans l’amendement Berthelot, il ne s’agit que de la procédure ou de la forme ; mais, qui ne sent que la forme y lie le fond, et, dans la modification à faire, il s’agit du fond ; mais est-il impossible d’y lier le fond à la forme ? Il reste, Dieu merci, dans la Chambre assez d’habiles gens, de parlementaires avisés et expérimentés, pour tirer parti de ce précédent et trouver un expédient. La prime de popularité offerte à qui fera adopter l’amendement libérateur est assez forte pour stimuler l’ingénieuse rivalité des représentans du peuple. Aussi bien se lèvent-ils à droite et à gauche. MM. Plichon et Xavier Reille ont leur projet de résolution, et M. Jules Roche a le sien, qui reproduit, je crois, une disposition de la constitution canadienne.

Nous-même, nous avions pensé à copier littéralement et à présenter le texte de l’act anglais de 1706 ; mais, act anglais ou constitution canadienne ou rédaction toute nouvelle, il n’importe : l’important, c’est d’aboutir. L’act anglais a cet avantage qu’en même temps qu’un texte catégorique il fournit un argument décisif en réponse à une deuxième objection qui pourrait être faite, plus générale encore que l’autre, et qui serait qu’une pareille mesure affaiblit et diminue le parlement, humiliant, avec lui et en lui, « la souveraineté nationale. »

Mais le parlement anglais de 1706 était-il par hasard un parlement d’humeur à laisser humilier la nation en lui, et, par hasard, depuis 1706, le parlement anglais serait-il un parlement affaibli et diminué ? Si l’exemple ne suffit pas à apaiser les inquiétudes du plus jaloux de nos parlementaires, c’est qu’alors il est plus parlementaire que le parlement anglais lui-même, et nous ne savons s’il faudrait davantage s’en réjouir ou s’en affliger. Car nous savons de science certaine et indubitable qu’il faut en