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Le général Miloutine, homme humain, excellent et vraiment supérieur, avait toujours traité les étudiantes avec une bonté paternelle. Le général Vannovsky, nommé en 1881 ministre de la Guerre, ne leur témoigna pas la même faveur et en 1886 les cours de médecine furent définitivement fermés aux femmes. En 1895 seulement, après neuf années de démarches incessantes, d’efforts infructueux, de résistance de la part du Gouvernement et du Synode, l’Institut de médecine, tel qu’il existe aujourd’hui, les admit de nouveau. Ce fut grâce à la générosité de particuliers qui rassemblèrent entre eux un capital de 700 000 roubles, les plus fortes sommes venant de Moscou. Obligeamment guidée par Mme Kodyan, femme d’un médecin bien connu de Saint-Pétersbourg, j’ai pu visiter dans leurs détails les deux beaux bâtimens qui représentent l’Institut et la maison de l’Internat. L’inspectrice, Mme Seniawine, et d’autres dames qui s’intéressent à l’Internat nous accompagnent dans cette visite. Elles me parlent de l’énergie déployée par la baronne Uxkull, présidente du comité de construction, pour arriver aux résultats que j’admire.

La société préposée à l’accroissement des ressources de cet Institut de médecine compte aujourd’hui 300 membres. Il y a 117 élèves dans la maison de l’Internat, des jeunes filles qui, venues de province, ne peuvent demeurer chez leurs parens ; mais les étudiantes même qui ne jouissent pas de ces jolis logemens, éclairés, comme toute la maison, à l’électricité, avec salle de bains, salle de musique, bibliothèque, peuvent venir du dehors dîner au vaste réfectoire. Trois cents personnes sont ainsi nourries moyennant un prix modique.

Trois cours fonctionnent à l’Institut et comptent environ 500 étudiantes. Les étudiantes qui ont terminé le cours complet de dix semestres reçoivent un diplôme qui leur donne le droit d’exercer librement la carrière médicale à l’égal des médecins du sexe masculin.

Toutes les jeunes filles que je rencontre dans les longues galeries qui servent de promenoirs, celles qui me font les honneurs des différentes parties de l’établissement, sont très différentes de certaines étudiantes, aperçues jusqu’ici, et qui affectaient une extrême négligence dans leur toilette ; elles sont bien tenues, coiffées avec soin ; point ou très peu de cheveux courts, cette caractéristique de l’étudiante aux opinions radicales qui