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QUESTIONS SCIENTIFIQUES

LA VIE DE LA MATIÈRE

Entre un objet inanimé et un être vivant, toute assimilation paraît de prime abord impossible. Quelles ressemblances pourrait-on découvrir entre une pierre, un lion et un chêne ? La confrontation du caillou inerte et immuable, avec l’animal qui bondit et la plante qui s’accroît donne l’impression d’une profonde antithèse. Un abîme semble exister entre le monde organique et le monde inorganique. Les premiers enseignemens que nous recevons affermissent cette impression ; des études superficielles lui fournissent des argumens. Et ainsi se trouvent créées, dans l’esprit de l’enfant, et plus tard de l’homme, ces catégories irréductibles des objets de la nature qui sont le Règne minéral et les deux Règnes vivans.

Mais, une science mieux informée tend chaque jour à mettre en doute la rigueur ou le caractère absolu d’une telle distinction. Pour elle, la matière brute n’est plus tout entière d’un côté et les êtres vivans de l’autre. Des savans prononcent délibérément ces mots de « Vie de la matière, » qui semblent au commun des hommes un contresens. Ils découvrent dans certaines classes des corps minéraux presque tous les attributs de la vie. Ils retrouvent, dans d’autres, des signes plus lointains, mais encore reconnaissables, d’une parenté indéniable.

Ce sont ces analogies et ces ressemblances que nous nous proposons de mettre en lumière, comme l’ont fait déjà, d’une