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cosmozoaires plus ou moins comparables aux cellules vivantes que nous connaissons. Celles-ci, d’ailleurs, ont fait le voyage, incluses dans des météorites, ou flottant dans l’espace à l’état de poussières cosmiques.

L’hypothèse des cosmozoaires, particules vivantes, germes protoplasmiques, émanant des autres astres et arrivant à la terre par le moyen des pierres tombées du ciel, est due à un écrivain français, le comte de Salles-Guyon. Elle n’est pas aussi dénuée de vraisemblance qu’on serait tenté de le croire. Lord Kelvin et Helmholtz lui ont donné l’appui de leur haute autorité. L’analyse spectrale révèle dans les nébuleuses cométaires l’existence des quatre ou cinq raies qui caractérisent les hydrocarbures. La matière cosmique renferme donc des composés du carbone, des types de la chimie organique. De même, on a trouvé du carbone et une sorte d’humus dans plusieurs météorites. Quant à l’objection de réchauffement que ces aérolithes subissent en traversant notre atmosphère, Helmholtz y répond que cette élévation de température peut-être purement superficielle, et laisser subsister des micro-organismes à l’intérieur. Mais d’autres objections s’élèvent ; d’abord celle de M. Verworn qui considère la supposition de germes cosmiques comme incompatible avec les lois de l’évolution ; puis celle de L. Errera, qui conteste l’existence des conditions de la vie dans les corps interplanétaires.

Du Bois-Reymond a qualifié de panspermie cosmique la doctrine, très voisine de la précédente, formulée par H. Richter en 1865 et F. Colin en 1872. Les premiers germes vivans seraient arrivés à notre globe, mélangés aux poussières cosmiques qui flottent dans l’espace et qui tombent lentement à la surface de la terre. S’ils échappent, par cette lenteur, à réchauffement dangereux des météorites, L. Errera fait observer qu’ils restent exposés à l’action destructive des rayons lumineux.

W. Preyer, en 1872, n’a pas voulu accepter cette transmigration cosmique des êtres vivans les plus simples, ni faire intervenir les autres mondes dans l’histoire du nôtre. La vie aurait subsisté de tout temps, même alors que le globe était une masse incandescente. Mais ce n’était pas la même vie qu’à présent. La vitalité aurait subi bien des changemens au cours des âges. Les pyrozoaires, les premiers vivans, vulcaniques, étaient bien différens des êtres actuels qu’une minime élévation de température suffit à désorganiser. La vie dérivait du feu. Les masses