Page:Revue des Deux Mondes - 1902 - tome 11.djvu/915

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cristal est un milieu plein, formé de parties contiguës, exactement appliquées les unes sur les autres par des faces planes, comme tendrait à le faire croire le phénomène du clivage, qui décompose en effet le corps cristallin en solides de ce genre. En réalité, les parties constituantes sont espacées : elles sont disposées en quinconce, comme disait Haüy, ou le long des lignes d’un réseau, pour parler comme Delafosse et Bravais. Elles laissent entre elles des intervalles incomparablement plus grands que leurs diamètres. — De telle sorte que l’organisation du cristal fait entrer en ligne de compte deux choses fort différentes : un élément, la particule cristalline, qui est un certain agrégat de molécules chimiques ayant une forme géométrique déterminée — et un réseau parallélipipédique plus ou moins régulier, le long des arêtes duquel sont rangées, dans une orientation constante les particules précédentes. La forme extérieure du cristal, traduit l’existence du réseau. M. Wallerant a montré que ses propriétés optiques traduisaient l’action de la particule. Il y a ainsi à distinguer, dans un cristal, deux espèces de figures géométriques, celle du réseau, celle de la particule dont les caractères de symétrie peuvent être concordans ou discordans.

La particule cristalline, l’élément du cristal, est donc un certain complexe moléculaire qui se répète identique à lui-même et identiquement placé aux nœuds du réseau parallélipipédique. On lui a donné des noms divers, bien faits pour produire des confusions : molécule cristallographique de Mallard, particule complexe d’autres auteurs. — On a démembré cet élément en sous-élémens (particules fondamentales de Wallerant et de Lapparent.

Ces indications très générales suffiront à faire comprendre la richesse et toute la souplesse d’organisation de l’individu cristallin qui, malgré sa régularité géométrique et sa rigidité, peut être mise en regard de l’organisation plus flexible de l’élément vivant. L’individu minéral est plus stable, moins labile que l’individu vivant. On peut dire avec M. de Lapparent que « la matière cristallisée représente l’ordonnance la plus parfaite, la plus stable, dont les particules des corps soient susceptibles. »


La cristallisation est une manière d’acquisition de forme spécifique. L’architecture géométrique de l’individu minéral n’est guère moins merveilleuse ni moins caractéristique que celle de