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beaucoup de rayonnes. Dans ces organes, comme dans les cristaux, la vie et la nutrition se réfugient à la surface.

L’apposition et l’intussusception sont donc des mécanismes secondaires en rapport avec les caractères physiques du corps : la solidité dans le cristal, la semi-fluidité dans le protoplasme cellulaire. En comparant à la matière organisée semi-fluide la matière inorganique liquide, on reconnaît que l’addition de substance s’y fait de la même manière, c’est-à-dire par interposition. Si l’on ajoute à un fluide un sel soluble, les molécules de celui-ci diffusent et s’interposent à celles de celui-là. L’intussusception n’aurait donc rien de mystérieux et de particulièrement vital. Ce serait, réalisée dans le protoplasme fluide, la diffusion ordinaire aux fluides mélangés.


X

Les élémens vivans, les cellules, ne peuvent subsister indéfiniment sans s’accroître et sans se multiplier. Il arrive fatalement un moment où la cellule se divise, par un procédé direct ou indirect, et bientôt, au lieu d’une cellule, il y en a deux. Telle est la génération dans l’élément anatomique. Dans l’individu complexe, c’est une partie plus ou moins restreinte de l’organisme, le plus souvent une simple cellule sexuelle qui va contribuer à la formation de l’être nouveau, et, par suite, assurer la perpétuité du protoplasme, et, par suite, de l’espèce. Au premier abord, rien de pareil ne semble exister dans la nature inanimée. La machine physique, si on lui fournissait la matière et l’énergie, pourrait fonctionner indéfiniment, sans être condamnée à s’accroître et à se reproduire. Il y a donc là une condition entièrement nouvelle, spéciale à l’être organisé, une propriété bien faite pour séparer, semble-t-il, et cette fois sans contestation possible, la matière vivante de la matière brute. Il n’en est rien. Lorsqu’un microbiologiste veut propager une espèce de micro-organisme, il ensemence un milieu de culture avec un petit nombre d’individus (à la rigueur, un seul suffirait) et il assiste bientôt à leur pullulation. Le plus souvent, s’il s’agit de microbes banals, qui existent dans les poussières atmosphériques, l’opérateur n’est pas obligé de se donner la peine de rien semer : si le tube à culture reste ouvert, et que le milieu soit convenablement choisi, il y tombera quelque germe de l’espèce banale et