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C’est autour de la clause 8 du Bill, devenu dans l’Act la section 7, nous dirions l’article 7, et qui traite de la réforme administrative pour la distribution des fonds publics et le règlement des autorités locales, que s’est livrée la grande bataille. Discours interminables à la Chambre, amendemens, démonstrations gigantesques, meetings monstres, réunions publiques jusque dans des centaines de villages, conférences agitées, lettres innombrables aux journaux, résolutions, appels, menaces, tout était mis en mouvement pour soumettre le gouvernement et sa majorité à la pression de l’opinion publique. Les libéraux, M. Bryce, sir Campbell Bannerman, lord Rosebery, sir Henry Fowler, sir Edward Grey, M. Asquith, M. John Morley, sir William Harcourt, divisés sur tant de questions, étaient étroitement unis dans cette campagne. Ils avaient pour alliés un évêque anglican à tendances libérales, le lord évêque de Hereford qui prêchait la conciliation ; mais il leur manquait l’appui des nationalistes irlandais : ceux-ci, après s’être désintéressés du Bill, finirent par le voter sous la pression du cardinal Vaughan, de l’archevêque de Dublin et de leurs électeurs catholiques. A la tête des dissidens marchait un pasteur baptiste de Londres, le Dr Clifford, qui criait à l’injustice et à la fraude, comparait le gouvernement à Charles Ier et à Laud, annonçait que la guerre religieuse allait se rallumer, et que les dissidens se laisseraient poursuivre en justice, dépouiller de leurs biens, comme autrefois, plutôt que de payer les taxes scolaires.

Le gouvernement, M. Balfour, M. Chamberlain lui-même, qui en 1870 trouvait la loi Forster trop réactionnaire, le ministère, ses orateurs et ses journaux, forts du bloc de la majorité conservatrice, tenaient tête à leurs adversaires et ne laissaient aucun argument sans réponse. Supprimer les School Boards c’est, disaient-ils, se conformer à l’esprit libéral de la législation de 1870 : Forster a créé les School Boards parce que, à cette date, les Conseils de comté n’existaient pas. Au lieu de multiplier les autorités et de les diviser, l’Education Bill les simplifie, en ne reconnaissant, comme autorité suprême, que les représentans élus des comtés et des bourgs. Les autorités locales, en matière d’instruction primaire et secondaire, sont seules responsables, d’un côté envers leurs électeurs, de l’autre vis-à-vis du pouvoir central, du Board of Education.

Pour ce qui est des écoles libres, les dissidens, disait M. Balfour