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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 14.djvu/572

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arrêter les forces françaises et paralyser leurs entreprises, sur les difficultés de l’atterrissage et sur le peu d’épaisseur des eaux. L’armée ; de terre dut pourvoir à la sécurité du littoral. Les 1er et 2e corps, sous les ordres du général Vogel von Falkenstein, dont le quartier général était à Hanovre, eurent pour mission de surveiller la Baltique et la mer du Nord.

Tandis que l’Allemagne renonçait à se défendre, son adversaire renonçait à l’attaquer. L’état-major français, dès le début des hostilités, avait abandonné le projet, d’abord formé, d’une diversion dans le Nord et du débarquement d’un corps de troupes sur les côtes prussiennes. Ordre fut donné aux deux escadres, l’une commandée par Bouët-Willaumez, l’autre par Fourichon, de se borner à établir une ligne de blocus devant les ports de guerre et de commerce de la Baltique et de la mer du Nord. Malheureusement, le blocus ne pouvait être tenu qu’à très longue distance, l’énorme tirant d’eau de nos bâtimens ne leur permettait pas l’approche d’un littoral, d’ailleurs plein de pièges, dont tous les feux avaient été éteints. A aucun moment, ces forces navales ne trouvèrent l’occasion d’un combat. Leur action, cependant, ne fut pas inefficace. On ne peut s’imaginer, aujourd’hui, à quel point furent profonds le désordre et l’effroi que leur seule apparition causa dans le pays ennemi. La vie commerciale se trouva suspendue, le ravitaillement parut compromis ; l’Allemagne se revit dans la situation où elle avait été en 1848, au moment de la guerre danoise. Comme alors, elle se sentit prise à la gorge, isolée du Nord et de l’Occident. Sans doute, si la fortune des armes ne lui avait pas été immédiatement favorable, la prolongation du blocus aurait pu lui devenir funeste. Mais nos désastres obligèrent bientôt les deux escadres à quitter leurs postes. Fourichon rallia directement Brest. Bouët-Willaumez s’arrêta un instant près d’Héligoland, croisa sur les côtes de Hollande et, continuant l’opération commencée devant Hambourg et Brème, donna la chasse aux bateaux marchands.

C’est un thème assez ordinaire aujourd’hui que l’inefficacité de la guerre de course. On sait, cependant, que l’Allemagne en soutînt beaucoup au commencement des hostilités et que la France, à son tour, en souffrit beaucoup à la fin. Un seul petit bateau, l’Augusta, sous le commandement du capitaine Weickmann, vint, après la retraite des escadres, croiser dans la Manche et dans le golfe de Gascogne. Les pertes matérielles qu’il nous