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exprimé au moyen du prix de l’once standard à Londres, cotée en pence : le penny (au pluriel pence) vaut 0, 105 de notre monnaie ; nous choisissons cette place, parce que c’est là qu’existe le plus vaste marché du métal, dont elle a importé en 1902 £ 11 501 678 (environ 288 millions de francs) et exporté, durant la même année, £ 12 049 837 (environ 302 millions de francs).


Cours du métal argent à Londres de 1878 à 1902.


1878 52 9/16 1891 45 1/16
1879 51 1/4 1892 39 13/16
1880 52 1/4 1893 35 5/8
1881 51 11/16 1894 28 15/16
1882 51 5/8 1895 29 7/8
1883 50 9/16 1896 30 3/4
1884 50 5/8 1897 27 9/16
1885 48 5/8 1898 26 15/16
1886 45 3/8 1899 27 7/16
1887 44 5/8 1900 28 1/4
1888 42 7/8 1901 27 3/16
1889 42 11/16 1902 24 1/16
1890 47 11/16

Pendant les seize années qu’a duré l’intervention américaine, l’argent n’a pas cessé de baisser ; il a perdu, de 1878 à 1893, un tiers de sa valeur. La chute a été ininterrompue, sauf en l’année 1890, durant laquelle on put croire un moment que le gigantesque effort de la loi Sherman arrêterait la marche naturelle des choses, et on vit l’once remonter un moment jusqu’à 49 1/2 : le cours de 47 11/16, inscrit ci-dessus, est le chiffre moyen de l’année. Dès 1891, il retombait à 45 1/16 ; en 1893, à 35 5/8 ; l’année suivante à 28 15/16 et, en 1902, à 24 1/16, pour descendre en janvier 1903 aux environs de 22 pence, cours le plus bas qui ait jamais été connu.

A la suite de ces grands pays, d’autres, de moindre importance, se sont engagés dans la même voie. Seuls, des gouvernemens mal inspirés, comme celui de l’Espagne, ont profité de la baisse pour frapper une grande quantité de monnaies d’argent, dont la circulation de la péninsule a été saturée. Cette politique à courte vue n’a eu d’autre résultat que d’accroître les embarras monétaires du pays et de retarder le moment, d’ailleurs inévitable, où il reviendra à la saine monnaie, c’est-à-dire à l’étalon d’or unique, solution que les hommes d’Etat de Madrid