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solution de chlorure de sodium : suivant la façon dont l’opération sera conduite, on aura, à la température ordinaire, soit du chlore et de la soude, soit un chlorure décolorant (mélange d’hypochlorite de sourie actif et de chlorure de sodium inactif), soit de l’acide hypochloreux et de la soude, soit encore… rien, en ce sens que, le sel marin se reformant à mesure qu’il se décompose, on obtiendra uniquement de l’hydrogène et de l’oxygène, produits de la décomposition de l’eau de la solution.

Mais, dira-t-on, si le traitement de la solution de chlorure de sodium est si délicat, prenez le sel fondu ! Très bien ! mais il faut, quand même, compter avec des réactions secondaires et, ensuite, se pose la question épineuse d’avoir des appareils étanches à haute température et dont l’usure ne soit pas par trop rapide.

Tant que ces difficultés, et bien d’autres encore, telles que l’attaque des anodes par le chlore, ne seront pas résolues, le procédé Solvay, quoique menacé par les procédés électrolytiques, luttera, n’en doutons pas, avec avantage, d’autant plus qu’en définitive, de quelque manière que la soude électrolytique soit fabriquée, c’est toujours en solution qu’on l’obtient. Or, cette solution, il faut la concentrer, l’évaporer : d’où, en fin de compte, une dépense de combustible si peu négligeable que l’on a vu certaines usines qui utilisaient pour cette fabrication la houille blanche, c’est-à-dire les forces motrices naturelles, — et, par conséquent, la méthode électrolytique, — renoncer à l’emploi de ces forces et se transporter dans des charbonnages voisins des centres de consommation. C’est, d’ailleurs, à cause de cette dépense que, jusqu’à présent, les Allemands n’ont jamais sérieusement songé à substituer l’électrolyse au procédé Engel pour la fabrication de la potasse commerciale.

Mais le chlore électrolytique, dira-t-on, ne se présente-t-il pas dans des conditions de bon marché exceptionnelles ? Non, et voici pourquoi :

Dans le stand de l’Exposition collective allemande de Chimie, en 1900, nos lecteurs ont pu remarquer un groupe formé de personnages divers, en bronze, autour et au sommet d’un bloc de pierres translucides de couleurs variant du blanc au brun. Ces pierres étaient des sels bruts extraits des dépôts de Stassfurt, dépôts dont il a déjà été question plus haut : l’une des figures était celle d’un mineur qui présentait le bloc de sel à une divinité