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III

Si courte, si incomplète que soit cette étude, ceux qui nous ont suivi jusqu’ici sont à même maintenant de saisir et de comprendre le rôle rénovateur joué, de nos jours, par l’électricité dans le domaine de l’industrie chimique, ainsi que celui plus modeste, mais non moins utile, qui est échu à l’analyse. Celle dernière intervient sans cesse dans l’industrie métallurgique : d’empirique qu’elle était, la métallurgie, en effet, devient de plus en plus une dépendance étroite de la chimie et, là comme ailleurs, l’énergie électrique a commencé le renouvellement des anciens procédés de fabrication.

Par-dessus tout, et c’est le but que nous avions en vue, nos lecteurs doivent être surabondamment édifiés sur le rôle, créateur au premier chef, qu’à l’heure présente joue la synthèse chimique, cette synthèse que « les représentans officiels de la science, dit M. Berthelot, n’envisageaient guère, il y a cinquante ans, que comme un simple contrôle de l’analyse. » Ce rôle, de tout premier ordre dans le présent, ne peut que grandir encore : d’ores et déjà, la chimie, demandant un dernier effort à ses fidèles, rêve de réaliser l’œuvre grandiose et bienfaisante de la fabrication simple et économique des alimens eux-mêmes !

Personne, en effet, à notre époque, n’accorde plus à la Nature seule le monopole de la production des corps organiques, quels qu’ils soient ; et comment pourrait-il en être autrement après les merveilles de la chimie des couleurs et des parfums ? En ce qui concerne les matières alimentaires, dès 1854, M. Berthelot, on le sait, a obtenu par synthèse les corps gras naturels au moyen de leurs composans prochains, acides gras et glycérine ; or, ces composais, on peut aussi les produire de toutes pièces au moyen de leurs générateurs, les carbures d’hydrogène, carbures qu’il est facile de préparer (on l’a vu plus haut pour l’un d’entre eux, l’éthylène) au moyen de l’acétylène. Quant aux sucres ou hydrates de carbone, depuis les travaux de Fisher on sait les obtenir par synthèse presque tous : le glucose (sucre de miel), par exemple, qu’on peut facilement préparer en prenant la glycérine pourpoint de départ. Il est vrai que les saccharoses, dont le type est le sucre ordinaire, ont résisté aux efforts tentés jusqu’ici ; mais la synthèse de ces substances n’est peut-être qu’une