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depuis longtemps. N’allez pas, mon cher Prince, tes trouver indiscrètes. Victor Hugo veut être pair de France, c’était une transition pour vous parler de lui ; je l’ai oubliée ; mais le fait vaut la peine d’être raconté. Non que je blâme Victor Hugo de cette prétention, mais c’est trop tôt.

Merci, grand merci de votre lettre du 6 juin. Vos félicitations me sont allées au cœur ; je les ai lues à ma femme, qui en a été touchée et qui vous remercie non moins vivement par mon organe. De Calonne (Ernest) a fait, au Bois de Boulogne, une si effroyable chute de cheval, que l’animal en est mort et que le cavalier est, pour quelque temps, perclus de tous ses membres.

Adieu, mon cher Prince, j’ai fait des vœux bien sincères pour la réussite de votre convoi : j’en fais de non moins vifs pour votre retour en France ; je comprends cependant les motifs qui vous retiendront quelque temps en Afrique ; je n’ai pas une affection assez aveugle pour y sacrifier votre intérêt. Votre intérêt est que le régiment vous ait vu à l’œuvre, ait confiance en vous, et vous aime. Quelques mois de plus en Afrique pour arriver à ces résultats, ce n’est pas trop. Puisse seulement l’épreuve ne pas être trop longue !


Paris, vendredi 25 juin 1841.

Nous en sommes, mon cher Prince, à vos lettres datées du plateau des Réguliers, et qui nous ont causé un vif plaisir. La Reine a bien voulu me communiquer celle que vous lui avez écrite, et je suis donc parfaitement au courant de tout ce qui vous concerne jusqu’à cette époque. Jamin m’a également donné des détails très intéressans sur votre courte expédition, et je n’en ai pas seul profité. Le Roi, la Reine, les ont lus avec empressement et bonheur. Ce qui ne doit pas empêcher votre fidèle Achate de continuer à m’écrire au courant de sa plume, aussi aimable que facile ; mais, ce qui doit, au contraire, l’encourager dans la complaisance qu’il me montre et dont je lui sais si bon gré. Toutes nos pensées sont tournées de votre côté, et il nous tarde bien que vous leur donniez moins de chemin à faire et moins de soucis à entretenir. Si j’en crois ce que j’entends à Neuilly, votre ré tour en France ne serait plus très éloigné. On pense qu’après avoir guerroyé un grand mois avec un régiment aussi éprouvé que le vôtre, éprouvé vous-même comme vous l’êtes, vous n’aurez rien de mieux à faire que revenir à Paris ; et c’est bien mon avis,