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Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 15.djvu/580

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la main qui le tienne. Mes sentimens pour le gouvernement ne changent pas ; mais je souhaite, de grand cœur, que sa fortune, son habilité, sa prévoyance et ses ressources soient à la hauteur de l’immense entreprise où il s’est engagé…

H. O.


Orléans House, 30 septembre 1854.

Carissime, voilà bien longtemps que je ne vous ai écrit, et voilà déjà plusieurs jours que je veux le faire. Mais j’ai eu la maladresse de m’écorcher fortement le cou-de-pied et l’imprudence de n’y faire aucune attention, ce qui m’a valu un érysipèle dont je suis, grâce à Dieu, entièrement débarrassé. Or, voici ce que je voulais vous dire… Enfin, pourrez-vous, pour mon compte, féliciter et remercier Saint-Marc Girardin de son dernier article sur la guerre ? Je pense comme il écrit. La guerre ! voilà l’objet de mes préoccupations constantes ; je vis sur la carte de Crimée ; mais les Russes ne paraissent pas en train de nous donner grand sujet d’études stratégiques.

H. O.


Orléans House, 1er octobre 1854.

Quand je vous ai écrit hier, mon cher ami, je n’avais pas lu votre article sur la Crimée de Marmont ; il est excellent, judicieux et courageux ; je veux vous en faire mon compliment. Je viens de terminer la lecture des Mémoires de Joseph, je l’ai faite en conscience, et je crois que j’en tirerai quelque fruit. Partout où l’Empereur est directement en scène, dans les deux premiers volumes et dans la première moitié du dixième, l’intérêt est immense ; les volumes d’Espagne sont de plus rude digestion ; mais c’est ce que j’appelle l’école des erreurs, et elle a bien son utilité…

Voilà Sébastopol pris[1] ! Nul n’a désiré plus que moi le succès des armes françaises ; nul ne s’en réjouit plus. Mais, quand je reçois la nouvelle de ces batailles auxquelles je n’ai pas pris part, je voudrais être dans la Nouvelle-Zélande. Je vais faire tirer l’artillerie de Guégué[2].

H. O.

  1. Dans les derniers jours du mois de septembre 1854, le bruit avait couru de la prise de Sébastopol. Voyez la Revue du 15 octobre 1854, p. 391.
  2. Le Prince de Condé, fils aîné du Duc d’Aumale.