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croiseurs de notre escadre commencèrent à être encombrés par le grand nombre des blessés et des malades du corps expéditionnaire, le gouvernement japonais offrit aux autorités françaises de prendre, à Takou, les blessés les plus grièvement atteints, et de les transporter par le moyen de ses navires-hôpitaux, dans son hôpital de Hirosyma, situé dans l’une des îles les plus salubres de l’Empire, et doté, comme installation et comme matériel, de tous les perfectionnemens que la science de la médecine et de la chirurgie a su créer dans les meilleurs établissemens similaires d’Europe. Ceux que l’on dirigea sur cet établissement y furent, jusqu’à leur complète guérison, l’objet des attentions les plus délicates de la part de la Cour et des membres de la Croix-Rouge japonaise, ainsi que des soins assidus d’un personnel technique aussi savant que dévoué. En même temps, sur les indications de M. le contre-amiral Courrejolles et sur les conseils de M. Harmand, ministre de France à Yokohama, qui avait sollicité du gouvernement japonais les autorisations nécessaires, le général Frey créait de toutes pièces, à son passage à Nagasaky, en des locaux mis à sa disposition, dans un sentiment louable de patriotisme, par les sœurs de l’Enfant-Jésus de Chauffailles, un hôpital français d’une contenance d’une centaine de lits. Cet hôpital fonctionna tout d’abord avec les ressources et les moyens les plus rudimentaires, sous la direction éclairée du docteur Marestang, médecin de première classe des troupes de la marine, que le général avait emmené de Saigon. Il rendit, dès le début, de réels services au corps expéditionnaire, grâce à l’activité et à l’initiative de son chef, que les Sœurs secondèrent, comme infirmières, avec un admirable dévouement. Ce ne fut que dans les derniers jours du mois de novembre, c’est-à-dire quatre mois après, que cet hôpital passa sous la direction du personnel de la Croix-Rouge française, pour constituer le véritable centre d’évacuation de nos formations sanitaires de l’arrière. A Yokohama, enfin, une maison de santé française, celle du docteur Meffre, recevait, de son côté, un certain nombre d’autres malades ; de sorte que, grâce à leur proximité du théâtre d’opérations, à la douceur de leur climat, et aux procédés obligeans de leur gouvernement, les îles du Japon devinrent bientôt les sanatoria du corps expéditionnaire français.

Il était naturel, étant donnés ces sentimens de réciproque sympathie, que les Japonais cherchassent les occasions de