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dénonciation des traités de commerce avec l’Allemagne et la Belgique, qui empêchaient les colonies d’accorder un traitement de faveur aux marchandises britanniques, et par l’octroi de détaxes douanières de 12 et demi, puis de 25, puis de 33 pour 100, que le Canada concède aux produits de la métropole.

Sans doute, la conférence de 1897 s’était montrée beaucoup plus froide, quand on voulut l’entraîner sur le terrain politique, vers la fédération impériale. On s’en consolait en se disant qu’un mouvement qui tend à un but aussi haut que l’impérialisme ne peut l’atteindre en un jour, que la question n’était pas mûre encore. Après la guerre du Transvaal, faite au milieu de la malveillance du monde, mais avec l’appui des colonies qui envoyèrent 25 000 hommes dans l’Afrique du Sud, il sembla qu’elle le fût. D’ailleurs, tout un concours de circonstances favorables entourait la nouvelle conférence coloniale de 1902. La fédération australienne, qu’on avait généralement considérée comme le prélude indispensable de la fédération impériale, était réalisée depuis 1900. L’aube d’un nouveau règne semblait propice à de grandes réformes. Enfin, la retraite de lord Salisbury, le dernier grand homme d’Etat de « l’ère victorienne, » l’aristocrate sceptique et avisé, dont l’ardeur impérialiste se tempérait de quelque réserve et dont ces audacieuses nouveautés inquiétaient un peu le prudent empirisme, laissait la place libre et le premier rôle, sinon le premier rang, à M. Joseph Chamberlain, le représentant de la démocratie impulsive et chauvine, l’impérialisme fait homme. L’heure paraissait propice entre toutes, sinon pour réaliser d’un coup le programme impérialiste, du moins pour faire un pas décisif vers la fédération, l’union militaire et navale, le régime des privilèges commerciaux. C’est précisément alors que les difficultés apparurent. La conférence, c’est ce qui en fait l’intérêt capital, a révélé les contradictions qui sont au fond de l’impérialisme et les profondes divergences entre les vues de la métropole et celles des colonies.


III

Les six colonies autonomes de la Grande-Bretagne étaient représentées à cette conférence par leurs premiers ministres. Le « Premier » du Canada, s’était fait accompagner des ministres canadiens de la Défense, des Finances, des Douanes et des Postes ;