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Un des fléaux de notre Empire colonial, qu’il s’agisse de la côte occidentale ou de la côte orientale d’Afrique, est la mortalité infantile. Les femmes, au moment de l’accouchement, sont livrées à des empiriques et ne reçoivent aucun soin intelligent, pas plus que les nouveau-nés ; c’est d’autant plus regrettable que la femme malgache est bonne mère, qu’elle aime son enfant, qu’elle l’allaite avec soin, à la condition, cependant, qu’elle-même soit en état de le soigner. Le père est souvent inconnu, ou ne s’occupe guère de sa progéniture, tandis que les mères ont un instinct très développé de la maternité ; mais elles manquent des connaissances et des ressources nécessaires pour protéger leurs enfans contre les intempéries d’abord et contre les multiples accidens qui se produisent pendant le premier âge ; elles ne les couvrent d’aucun vêtement. Or, dans l’Emyrne et le Betsiléo, qui sont les provinces les plus peuplées, la température est descendue quelquefois à 0 degré, et même au-dessous, et les malheureuses mères, n’ont d’autres moyens, pour réchauffer leurs enfans, que de les serrer contre leur propre corps et de leur communiquer leur chaleur naturelle. Les enfans se refroidissent et grelottent dès que, pour vaquer à leurs occupations, les mères se séparent d’eux en les déposant à terre. De là, bronchites, pneumonies, entérites, diarrhées, etc., etc., qui fauchent, ces petits êtres avec d’autant plus de brutalité que bon nombre d’entre eux naissent chétifs, malingres, et proviennent de parens plus ou moins malades. L’énorme mortalité infantile provient ; également de ce que les enfans sont astreints trop tôt au régime du riz.

En dehors de la mortalité infantile, les causes de cette pénurie d’habitans sont les maladies dont est atteinte la race : syphilis, tuberculose, lèpre, petite vérole, et alcoolisme.

L’assistance médicale indigène bien comprise peut remédier dans une large mesure à cet état de choses et nous citerons les résultats obtenus dans la province de Fianarantsoa.

Le docteur Beigneux, qui est arrivé à Madagascar en 1895 avec le corps expéditionnaire, commande depuis trois ans l’ambulance de Fianarantsoa et dirige le service de l’assistance médicale dans cette province. Grâce à son expérience, à sa connaissance des indigènes et à son dévouement, il a pu créer une œuvre admirable. Il trouva, à son arrivée à Fianarantsoa, une ambulance de fortune installée tant bien que mal dans un ancien