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du sucre de betterave fut encouragée par le gouvernement impérial et que le décret du 15 janvier 1813, en particulier, lui promettait un régime de faveur. — Elle ne tarda pas à s’implanter dans notre pays, grâce aux efforts de Mathieu de Dombasle, de Benjamin Delessert et de Thiéry. Aujourd’hui, la France consacre à la culture de la betterave à sucre près de 280000 hectares (277 974 en 1901). Elle possède 332 sucreries, dont la production pour l’année 1902 a été de 1 250 000 tonnes de sucre brut correspondant à 1 060 000 de sucre raffiné.

La production totale du monde entier en sucre de canne et de betterave ensemble, est près de dix fois supérieure à la production française : elle atteint environ dix millions de tonnes, dont un tiers environ en sucre de canne. C’est là un chiffre énorme. Il équivaudrait à une consommation moyenne de 6 kilos de sucre par personne, si l’on évalue à 1 650 millions la population globale du monde. La production européenne est presque tout entière concentrée dans les quatre grands pays, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la France et la Russie. Le prix du sucre raffiné, sur le marché de Londres, régulateur de tous les autres, était, en 1900, de 31 centimes le kilogramme. Il y a moins de cent ans, la même quantité coûtait chez nous 3 francs, et environ moitié moins en Angleterre.

On estime que la consommation du sucre en France va prendre un nouvel élan, grâce à la baisse de prix qu’entraîne le dégrèvement dont il bénéficie dès cette année. C’est, au moins, ce qui s’est produit en Angleterre, où l’abaissement progressif de l’impôt et enfin sa suppression totale ont, dans un espace de cinquante ans, quadruplé la consommation individuelle, qui s’est élevée de 17 kilos par an en 1850, à 44 kilos en 1901.

Une dernière circonstance, enfin, pourrait imprimer un nouveau développement à la fabrication du sucre : c’est l’introduction, souvent préconisée, des sucres de basse qualité, des mélasses et des sous-produits dans l’alimentation du bétail. Les matières sucrées ne sont pas moins profitables aux bêtes qu’à l’homme, et leur participation dans le régime des animaux de ferme ou des animaux de trait est justifiée par les mêmes considérations physiologiques. Toute la question est de savoir si cette substitution du sucre à quelques-uns des élémens de la ration fourragère pourrait être avantageuse au point de vue économique. Elle le serait, en effet, si le sucre destiné à cet usage était déchargé