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l’exploitation serait-elle, indépendamment des institutions que la Société a pu créer ou encourager, plus industrielle, et, — je me sers encore d’un mot bien gros, — moins paternelle ? Quoi qu’il en soit, c’est pour les spécialités voisines de la métallurgie, pour l’une d’elles surtout, les fondeurs de cuivre, que le travail est le plus dur : il l’est pour eux par ses circonstances nécessaires, plus que par son intensité ou par sa durée : pour les autres, s’il reste quelquefois plein de risques par ses circonstances, il n’est très pénible ni par sa durée, ni par son intensité.

La journée de travail effectif est de dix heures, divisée en deux séances de cinq heures chacune, à partir de 6 heures et demie du matin jusqu’à 11 heures et demie, et à partir de 1 heure jusqu’à 6 heures du soir. Entre 11 heures et demie et 1 heure, il y a repos, pour le déjeuner, à tous les ateliers. La très grande majorité des ouvriers va prendre ce repas au dehors. Il n’y a guère que l’atelier des forges où les marteleurs, avec leurs pilonniers, manœuvres et chauffeurs, en raison du temps demandé par les réchauffages successifs de leurs pièces de forge, font onze heures et demie de présence à l’atelier ; mais, pendant le réchauffage de ces pièces, ils se reposent, ils déjeunent, et eux non plus ne donnent pas, dans la journée, plus de 10 heures de travail effectif. À l’atelier des fonderies, la journée de travail est, comme ailleurs, de dix heures. Néanmoins, par exception, les jours de coulée très importante (c’est toujours le samedi), un certain nombre de manœuvres doivent revenir dans la soirée pour déterrer les moules coulés, et passer la moitié de la nuit ou la nuit tout entière suivant la dimension des pièces. Les ateliers sont fermés les dimanches et jours fériés, que les ouvriers emploient à leur guise, sans qu’il soit exercé sur leurs loisirs ou leurs plaisirs aucun contrôle. Le travail n’est pas continu, et il n’y a par conséquent pas d’équipes de roulement. Aux chantiers, comme aux ateliers, la journée de travail est de dix heures.

Après la peine du travail, et en face d’elle, le prix du travail. On sait dans quelle mesure il est légitime de parler de salaire moyen, et qu’il y a autant de salaires différens que de spécialités, si ce n’est même que d’ouvriers. Mais, dans la mesure où il est légitime d’en parler, le salaire moyen quotidien, par spécialités, varie, pour les ouvriers des ateliers M. : aux forges, de 3 fr. 53 (pilonnier) à 10 fr. 30 (marteleur) ; à la fonderie de fer, de 4 fr. 10 (outilleur) à 5 fr. 90 (mouleur) ; à la fonderie de cuivre, de 4 fr. 20