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de Koweït est devenu ainsi l’allié, le protégé et le client de l’Angleterre.

Sur les îles qui bordent la côte orientale de l’Arabie, l’hégémonie anglaise s’est affirmée comme sur le littoral. Ces îles sont extrêmement nombreuses. La vaste baie semi-circulaire comprise entre la péninsule du cap Masandam et la pointe de Katar en est toute parsemée et en a pris le nom de Bahr-el-Benat, « la Mer aux Filles. » A l’ouest du Katar, le golfe de Bahréïn est également rempli d’îles, dont la plus grande est connue sous le nom d’île Bahréïn. La principale occupation de ces insulaires est la pêche des perles, à laquelle prennent part aussi les riverains de presque toute la côte arabe du bassin persique. Dans le seul archipel de Bahréïn, environ cinquante mille marins s’occupent de pêcher les huîtres perlières, et, sur tout le littoral compris entre Koweït et la côte des Pirates, non loin du détroit d’Ormuz, des stations secondaires sont établies dans le voisinage des bancs. Bien que d’anciens usages, origine du droit, règlent entre les intéressés la répartition des bénéfices de la pêche, des conflits s’élèvent souvent entre les pêcheurs. Jadis les tribus arabes de la côte des Pirates qui vivent sur le continent en face des îles se mêlaient volontiers à ces querelles, et, sous prétexte d’appuyer l’un ou l’autre parti, dépouillaient les pêcheurs du fruit de leurs peines. C’étaient des luttes sans fin et des pillages sans cesse renouvelés. De 1853 à 1856, le gouvernement de l’Inde réussit à conclure avec les chefs arabes, tant insulaires que pirates de la côte, une série d’accords par lesquels tous s’engageaient à ne plus exercer la piraterie, à ne plus vider leurs querelles sur mer, à ne plus importer d’esclaves et à soumettre au résident britannique les contestations qui pouvaient s’élever entre eux, soit au point de vue économique, soit au point de vue politique. Cette haute tutelle officieuse ne tarda pas à se changer en protectorat effectif. En 1870, des difficultés s’étant élevées entre le cheïk des îles Bahréïn et un compétiteur, le gouvernement de l’Inde prit la défense du cheïk, déporta son rival dans l’Inde et imposa officiellement son protectorat sur ce groupe d’îles. L’acquisition est d’importance. Les îles Bahréïn contrastent par leur sol fertile et leur aspect verdoyant avec les îles arides et nues de Kischm, d’Ormuz, de Laredj et d’Hend-jam, que les Anglais ont dû abandonner au cours du dernier siècle. Grâce à des sources nombreuses, les palmiers y