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valeur immédiate et de l’exploitation directe, sans entraves, d’une des provinces les plus peuplées et les plus riches en minerais, et dont une partie est déjà en sa possession.

Serait-ce enfin le Japon, — pour ne parler que des puissances qui sont le plus directement en contact avec cette partie du continent asiatique ? — Sans préjuger les desseins secrets de ceux auxquels incombe la responsabilité des destinées de l’Empire du Soleil Levant, ni mettre un instant en doute le droit, que celui-ci revendique, de faire entendre sa voix dans les conseils et à propos des résolutions internationales qui ont trait au règlement de toutes les questions intéressant l’Extrême-Orient, on ne peut cependant contester, pour les Japonais, le besoin d’une grande extension territoriale d’un domaine colonial qui permette à leur marine, à leur industrie et à leur commerce de trouver un aliment à leur essor et à leur activité, aussi bien comme débouché pour ses produits que pour en tirer les matières premières, que son sol est dès aujourd’hui impuissant à lui fournir en quantités suffisantes pour ses besoins ; qui aide ainsi à procurer à ce pays les ressources financières nécessaires à l’entretien de son armée et de sa flotte de guerre et aux frais nouveaux qui seront la conséquence du développement et des perfectionnemens qu’il aspire encore à y introduire ; et, enfin, qui lui fournisse les terres fertiles, et sous un climat favorable, qu’il recherche, pour recevoir, comme cela a été dit pour l’Allemagne, le surcroît de la population qui étouffe, aujourd’hui, à l’étroit dans quelques-unes des îles du Soleil Levant.

Le Japon est ainsi celle des puissances qui, surtout en raison de sa proximité de la Chine, de l’analogie des mœurs, du mode de vivre des habitans des deux pays, etc., semblerait devoir bénéficier le plus d’un démembrement de l’Empire du Milieu. Car sur quel autre point une extension pourrait-elle se produire à son profit ? L’Indo-Chine, le Siam et les îles Philippines, qui se trouveraient dans sa zone d’action la plus favorable, et dont il est dès aujourd’hui le tributaire notamment pour se procurer le riz, qui est, pour ses habitans, un aliment de première nécessité, sont occupés par d’autres États. Formose constitue, pour lui, une charge plus qu’une source de profits et n’est ni la colonie d’exploitation agricole ou industrielle, ni la colonie de peuplement, qu’il recherchait. La Corée l’attirerait ; mais la Russie est là qui veille à l’exécution du pacte accepté et qu’il y aurait