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et s’étant mêlé au sable de la plage, on vit couler un liquide nouveau et transparent, formé de ce mélange, d’où vient, assuré-t-on, l’origine du verre. » Nous ne citerons, un peu au hasard des rencontres, ni Pline le Jeune, ni Tacite, ni Strabon, ni Josèphe, ni Galien, ni Plutarque, ni Lucrèce, ni Sénèque, ni Aulu-Gelle, ni Vitruve, ni Vopiscus ; ni, au moyen âge, un certain Eraclius et son traité De artibus et coloribus Romanorum, ni la Diversarum artium Schædula du moine Théophile ; ni, aux XVIe et XVIIe siècles, Georges Agricola, Thomas Garzoni, de Venise, Antoine Neri, Florentin ; ni, plus près de nous, les Français Haudicquer de Blancourt, Henri de Valois, Beneton de Perrin, le chevalier de Jaucourt, Alliot (auteur de l’article Verrerie dans l’Encyclopédie méthodique par ordre de matières), P. Leviel, Bosc Dantic, Loysel, Bestenaire d’Audenart ; ni enfin l’Italien Philippe Buonarotti, ni les Anglais Middleton ou Porter, ni les Allemands Hamberger et Jean-David Michaëlis. Nous ne contesterons, et dès maintenant ne contestons, ni au verre ni aux verriers leurs lettres de noblesse. Mais, plus attentifs à l’ouvrier qu’à ses ouvrages, négligeant les Egyptiens, les Sidoniens et les Romains, et bornant notre étude à un point de l’espace en une minute du temps, nous parlerons surtout de la condition des verriers en France, et surtout de la condition des verriers d’à présent.


I

De toutes les circonstances qui concourent à « situer, » à « localiser » une industrie, — proximité de la matière première, du combustible, des débouchés, — il semble que ce soit la proximité du combustible qui ait d’abord et le plus activement déterminé la répartition géographique de la verrerie en France. Naturellement, tant qu’elle brûla du bois, la verrerie fut une industrie en quelque sorte forestière[1]. — Dès le XIIIe siècle, on trouve des verreries établies dans le Forez. Au XIVe siècle, elles abondent : quatre verreries dans le Hainaut ; verrerie du Perche, à Montmirail ; verreries de Gastine, Saint-Denis-d’Arques,

  1. Et peut-être est-ce une des raisons, peut-être est-ce parce qu’elle était alors naturellement et nécessairement forestière, qu’elle fut une industrie noble, les bois n’appartenant guère qu’à des gentilshommes et l’art du verre étant considéré comme un moyen de tirer des forêts un meilleur parti.