Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

unique, par conséquent très limitée, par conséquent susceptible d’être en partie infirmée, quant aux conclusions à en tirer, par telle ou telle circonstance qui existerait là et ne se reproduirait pas autre part (supposons une circonstance de lieu, proximité d’un grand certre : pour Saint-Denis, Paris, et possibilité de trouver, à l’arrivée de la cinquantaine, un ouvrage moins fatigant ; et peut-être aussi faut-il ne pas omettre, quand il s’agit de l’usine L…, l’extrême rapidité de son développement, de 60 ouvriers à 860 en quarante ans). Voici donc, suivant l’enquête de l’Office du travail, quelle serait la proportion, pour toute la France, des ouvriers par âge, dans la verrerie, et dans les industries voisines de la miroiterie et de l’émaillerie, comparées ensuite à l’ensemble des industries dites des terres et des pierres au feu :


PROPORTION POUR 100 DES OUVRIBRS PAR AGE


Industries Moins de 18 ans 18-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans Au-dessus de 65 ans
Verreries 21, 36 17, 21 22, 62 18, 31 12, 18 0,25 2, 07
Miroiterie, émaillerie 9, 73 16, 82 28, 12 23, 22 14, 40 6, 06 1, 65
Ensemble des terres et pierres au feu 14, 18 16, 61 24, 97 19, 66 14, 04 7, 71 2, 83

En toutes lettres, suivant l’enquête de l’Office du travail et pour toute la France, la proportion des ouvriers au-dessus de quarante-cinq ans serait sensiblement plus forte qu’elle ne nous a paru à l’inspection de la seule usine L… ; et, si ce n’est pas de quoi triompher, ni rejeter comme faux ou mauvais l’exemple de cette usine, c’est au moins de quoi réfléchir et inviter à la prudence. Mais il n’y a nulle imprudence à maintenir et à soutenir, — l’Office du travail lui-même nous y engage, — que les ouvriers vieillissent très vite dans la verrerie et n’y vieillissent pas beaucoup ; un peu plus que dans les mines (6, 24 pour 100, contre 6, 11 pour 100, de 55 à 64 ans ; 2, 07, contre 1, 51 pour 100, au-dessus de 65 ans) ; un peu moins que dans la construction mécanique (respectivement 6, 67 et 2, 25 pour 100) ; moins que dans la métallurgie (7, 93 et 2, 62 pour 100). Ici encore, le feu est probablement le coupable ; l’action au feu, plus meurtrière, au témoignage des chiffres, qu’elle ne l’est même dans la métallurgie et dans la construction mécanique, parce qu’elle s’y complique, pour la plupart des ouvriers, d’un effort bref, mais répété, dont