Page:Revue des Deux Mondes - 1903 - tome 18.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chère Madame, de penser à ces mœurs valaisannes, notez-moi tout cela ; notez pour vous aussi les indices de romans à faire, nous passerons un bon bout de notre vie à dévider (en Transjurane), entre Mont-Blanc et Dole, ces sujets vaudois, y compris Fabrice, qui s’achèvera, je le jure, par Davel : ce sera joli de travailler ainsi à qui mieux mieux tous les trois, dépeçant chacun et historiant notre canton de Vaud. Travaillez donc, et aimez-moi toujours ; j’embrasse Olivier, son père, sa mère, M. Urbain, j’offre mes hommages reconnaissans à Mme Urbain et à Mlle… Quant à Doudou, c’est un petit railleur que je renvoie par-devant Aloys le grave, non sans les baiser tous les deux. Mille bonjours pour aujourd’hui et tendresses à tous.

« SAINTE-BEUVE.

« S’il vient des lettres, inutile de vous prier de me les renvoyer ici, lorsque vous passerez à Lausanne ; de même pour la brochure de Monnard que vous pourriez mettre sous bande, ou bien attendre une occasion. On s’est présenté chez M. Risler pour remettre les 100 francs dus à M. Ducloux. M. Risler était à la campagne et pour quelque temps encore ; il y a donc eu retard jusqu’à son retour. Voudrez-vous le dire à M. Ducloux. Bonjour. »


20 août.

« Mes chers amis,

« Voici que nos lettres vont encore se croiser et j’en enrage Je n’avais pas répondu tout aussitôt à la lettre d’Olivier, et de jour en jour j’attendais un mot de vous, Madame, pour riposter et voilà que le mot tarde, et que le mien va vous chercher sans trop savoir si c’est à Eysins encore, à Aigle déjà, ou dans l’entre-deux qu’il vous faut saisir. J’ai reçu le manuscrit d’Olivier à merveille ; Buloz partait le lendemain ; il n’a pu lire, mais il sera ici de retour le 10 du mois prochain : ainsi le retard sera de peu. Je ferai les petites corrections qu’Olivier m’indique : il m’en coûte pourtant d’ôter pour annuler le roi. Je me suis remis tout à fait au travail et c’est d’un grand attrait, le seul qui me soit donné loin de toutes les douceurs auxquelles vous m’aviez si bien accoutumé. C’est sur Port-Royal que je me suis jeté : il faut me hâter, car chacun ici se jette sur le XVIIe siècle ; on le dépèce en tous sens, c’est une exploitation à dégoûter ceux qui