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le bonhomme de Pouvray est pieux, et je serais fâché qu’il fût autre. Je suis revenu de Pouvray enchanté, reconnaissant de la chère hospitalité (seulement comparable à une autre que vous savez). En arrivant j’ai trouvé les affaires, le combat. Mon article contre la Littérature industrielle a fait son coup ; on a crié, on m’a répondu des injures, au moins quelques-unes, mais j’ai atteint pour le moment mon but, et nous allons continuer de ramer dans cette bonne galère de la Revue. Nous sommes occupés d’y rallier pour le quart d’heure les doctrinaires, M. Guizot, de Rémusat, etc., l’ancien Globe, de faire en un mot une vraie coalition de bon sens et de bon goût, et non de passion : y réussirons-nous ?

« Zurich occupe beaucoup ici : ce bête de Semeur, avec sa béate admiration pour la première émeute contre Strauss, reste la bouche ouverte. Mais au moins, chez vous, le torrent débordé rentre assez vite dans son lit et ne fait pas trop de limon. C’est la Grande-Eau près d’Aigle, on ne laisse pas d’y vivre très bien.

« Buloz revenu pour huit jours repart aujourd’hui chercher sa femme, qu’il avait ramenée d’Avignon dans le Berry ; il revient dans huit autres jours, il a le Major (Davel) sans l’avoir encore lu ; dans quinze jours, j’espère vous écrire le oui d’insertion. Qu’Olivier écrive donc pour nous, pour la Revue, sa course au Mont Rose : on aime fort ces récits chez nous ; cher Olivier, faites donc cela. Je n’ai pas oublié ces vers à moi que vous désirez ravoir ; je vous les copierais aujourd’hui, mais je suis un peu pressé : vous les aurez bientôt

« Il faut me dire sur ces vers ce que vous pensez et ne pas attendre de se voir pour cela, mais me l’écrire la prochaine fois pour ne pas l’oublier et que j’en profite. Nous en aurons bientôt de Brizeux, j’espère.

« Je suis toujours dans Port-Royal', mais avec bien des, fenêtres à mon pauvre cloître : c’est égal, j’y suis.

« Aimez-moi toujours, pensez toujours à moi, chers amis, M. Lèbre ne viendra donc jamais à Paris ? Mille amitiés à lui, à tout Aigle, à M. et Mme Ruchet, à Mlle Sylvie, en relevant cela de tous les respects. A Eysins de même ; baisers aux petits, et, distribution de bonnes grâces à tous les amis qui vous parleront de moi. »