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France du Levant, notre vieille et nombreuse clientèle que tant de nations rivales, et même amies, essaient d’attirer à elles.

À bord, tout le monde est enthousiasmé, surtout Noguay, qui ne pouvait pas s’attendre à ce grand bonheur d’aller sitôt à Alexandrie. Là-bas, il plaidera sa cause, et, aidé de Mlle Julie, à laquelle ses parens ne savent rien refuser, il réussira certainement. Ainsi pense tante Lucie.

Célibataire endurci. Perron est très surpris et presque mécontent de cet effet imprévu de l’expédition de Mytilène. Le Sultan, s’il l’apprend jamais, le sera beaucoup moins. Il dira simplement : C’était écrit !


Lundi 30 décembre 1901. — En mer.

Calme plat. Ciel d’Orient. Mer unie où le rouge globe du soleil se noie…

Derrière nous, Syra la Blanche émerge encore dans un adieu.

Douce mélancolie des fins de choses. Espoirs sans cesse renaissans.

Ivresse de la vitesse…

Au milieu de mauves îlots, nous passons joyeusement émus, admiratifs et silencieux.

Sur l’île de Rhodes, où flotte le souffle de tant d’âmes françaises exhalées ; sur cette terre, si longtemps chrétienne, où la puissance de Mahomet II vint se briser contre les cœurs de Pierre d’Aubusson et de ses chevaliers, nous entendrons sonner demain soir la première heure de la nouvelle année 1902.