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précisément l’ouest de la France qui manque de charbon : aussi nous vend-elle la moitié de ce que nous achetons au dehors : 175 millions de francs (plus 6 millions et demi de goudron en 1901) ; c’est plus du sixième de ses propres exportations. Pauvres en fer que nous sommes aussi, notre industrie ne saurait fabriquer tous les articles métallurgiques que nous consommons, et nous en achetons à l’Angleterre pour 82 millions de francs. Nous lui prenons, de même, 24 millions de francs de cotonnades, 33 millions de tissus, 4 millions et demi de filés de laine, et 13 millions d’articles divers de laine, de feutre ou de mohair, 9 millions de soieries, car la fabrique de soie anglaise, très vivace, quoique bien moins importante que la nôtre, a conservé la première place pour quelques spécialités ; puis 7 millions de tissus et filés de lin, 4 millions et demi de linoléum, 15 millions de cuirs et peaux, 6 millions d’objets en caoutchouc, une vingtaine de millions de produits chimiques. 40 millions environ d’objets divers ou non dénommés complètent nos achats de produits de l’industrie britannique, qui s’élèvent en tout à quelque 250 millions et comprennent une dizaine de millions d’articles d’alimentation ; la moitié de ceux-ci sont des biscuits et des confitures. Où ne voit-on pas en France les boîtes en fer-blanc de Huntley and Palmers, les pots de Dundee marmalade et de jams divers, qu’on avait avantage à confectionner en Angleterre, — avec des fruits français et du sucre français ? — Celui-ci coûtait trois fois moins à Londres qu’à Paris, grâce à l’ingénieux régime auquel la conférence de Bruxelles vient de donner le coup de grâce, au grand désespoir des fabricans de confitures et de biscuits anglais. Enfin nous n’avons qu’à rappeler ici que la France achetait à l’entrepôt britannique la forte somme de 180 millions de marchandises en 1901 et de 150 millions en 1902.


VI

De ce tableau des échanges entre la France et l’Angleterre, quelles conclusions peut-on dégager ? En premier lieu, on a remarqué que le Royaume-Uni ne fait aucune concurrence, qu’il offre même un débouché important à nos 20 millions d’agriculteurs. La protection qui leur est accordée ne saurait donc léser aucun intérêt britannique et, réciproquement, l’extension de notre commerce avec l’Angleterre ne saurait nuire à nos intérêts