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jusqu’à ce jour et que les circonstances ont placés sous nos yeux, aux Archives départementales de la Seine.


I

L’Académie royale de peinture, supprimée par décret de la Convention du 8 août 1793, avait résisté quatre ans aux plus rudes assauts. Dès 1789, David et quelques-uns de ses collègues de l’Académie s’étaient coalisés contre elle, et la création, en 1790, d’une société d’artistes fut certainement le coup de maître de la coalition. Cette société prit le titre de « Commune des Arts qui ont le dessin pour base. » Réunis pour la première fois, le 27 septembre 1790, au nombre de trois cents, les membres de la Commune des Arts n’hésitèrent pas à entrer sur l’heure en guerre ouverte avec l’Académie royale de peinture. Un mémoire fut rédigé pour demander à l’Assemblée nationale de dissoudre l’Académie, comme nuisible à l’essor du génie. Le mémoire était vif ; on y employait volontiers la violence des mots : « sordides spéculations des intérêts » étaient les moindres. Au vrai, la Commune des Arts entendait, dès l’origine, être reconnue comme seule digne de représenter les véritables intérêts des artistes, et le mémoire s’exprimait très nettement sur ce point. Il demandait que, au lieu des Académies royales de peinture, de sculpture et d’architecture, la Commune des Arts, organisée selon les principes de la Constitution, semblable à une grande famille, fût autorisée à réunir « tous les artistes sans exception et sans aucune distinction de rang et de personne pour quelque considération que ce puisse être. »

La grave question des prérogatives des Académies soulevait naturellement l’indignation des pétitionnaires, qui demandaient, justement d’ailleurs, l’ouverture des expositions à tous les artistes et non plus aux seuls académiciens.

L’Académie royale de peinture riposta indirectement. Elle prétendait se tirer d’affaire en changeant de nom et en modifiant ses statuts. Un projet de statuts préparé par la majorité des membres de l’Académie royale donnait à celle-ci le titre d’Académie centrale, ce qui provoqua une note complémentaire et indiquée de la Commune des Arts, désireuse de prendre le pas sur tout autre corps constitué. La Commune des Arts insistait