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Nous sommes à l’heure des dénonciations. La plus grave est celle qui pèse sur la mémoire de Wicar, et dont il ne se lavera pas de sitôt. C’est le 26 nivôse qu’il en est question pour la première fois. Il faut citer intégralement.

« Un membre annonce à l’Assemblée que des artistes arrivés nouvellement d’Italie ont quelque chose d’intéressant à communiquer à l’assemblée. Le président les invite à prendre la parole, et comme l’orateur de cette députation, le citoyen Wicar ainsi que le citoyen Devoge est auteur de l’un des deux dessins fait d’après les tableaux de Pelletier et Marat de David, lesquels dessins viennent d’être favorablement accueillis de la Convention, et qu’un membre venoit à l’instant même de demander que ce fait fût consigné au procès-verbal, le président le félicite au nom de l’assemblée.

« L’objet de la démarche que font les artistes auprès de la Société est un rapport sur la conduite infâme de plusieurs artistes indignes du nom françois, actuellement en Italie, et particulièrement une dénonciation contre Xavier Fabre, peintre, qui a trahi lâchement sa patrie en jurant d’être l’esclave de Louis XVII, et contre Corneil, sculpteur. Après avoir exprimé dans ce rapport leur indignation, ils engagent la Société à la partager et à s’unir à eux pour demander : 1° que le prix de Xavier Fabre, sujet de Louis XVII, soit arraché des salles de l’Ecole souillée de la ci-devant Académie ; qu’il soit immédiatement traîné au pied de l’arbre de la Liberté où il sera mutilé par chacun des membres de la Société et que les débris soient brûlés et leurs cendres jetées au vent aux cris mille fois répétés de : « Vive la République ! » 2° qu’il soit nommé quatre commissaires pris dans le sein de la Société et envoyés à toutes les sections pour les instruire du fait et leur communiquer l’arrêté en demandant leur adhésion et leur réunion pour obtenir de la Convention nationale une prompte exécution de cette vengeance due à la République et aux Arts ; 3° que ceux des artistes qui auront été reconnus par les bons patriotes comme intimement liés avec les aristocrates contre-révolutionnaires ci-dessus nommés soient regardés comme suspects et déclarés incapables de remplir aucun emploi dans la République ; 4° que, comme il est constant que le nommé Gauffier continue à rester à Florence, attendu qu’il est peintre en titre de l’infâme lord Hervei, ministre d’Angleterre, et protégé par le soi-disant prince Auguste, l’ennemi