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indispensable pour que l’intrigue ne triomphe pas, comme aux mauvais jours de l’Académie. Sergent, Wicar, Détournelle, parlent en faveur d’une réforme du costume, en commençant par le costume militaire, et plusieurs séances sont consacrées à cette discussion. Lebrun, au grand scandale de quelques-uns, fait l’éloge de l’art flamand et se plaint de l’abandon où le laisse le Conservatoire du Muséum, ce qui oblige Bonvoisin à expliquer qu’on a voulu d’abord mettre en évidence la « majesté de l’école italienne. » Comme il parle d’un ton méprisant des peintres de genre ! On ne les aime pas, à la Société Populaire et Républicaine des Arts ! Wicar surtout leur a voué une haine mortelle : ne demandait-il pas pour eux la guillotine ? Aussi, quand les peintres de fleurs et de genre réclament leur part des travaux de la Convention, on leur répond que ce sont des artistes de « pure fantaisie » et que les encouragemens de la nation ne doivent être réservés qu’à « ceux qui, par leur crayon et les sujets qu’ils représentent, peuvent affirmer notre Révolution en propageant les belles actions et enfin toutes les vertus. » On devine ici David et son porte-parole Wicar, lequel, après avoir souhaité qu’on allât solennellement féliciter la Convention pour son énergie, fait décider, malgré Détournelle, qu’on ira seulement avec les sections. Ce qui valut à Wicar cette insinuation, dans le Journal de Détournelle, qu’il n’avait changé d’opinion si promptement que parce qu’il avait été prendre le mot d’ordre chez David.

Le 6 floréal, David vient lui-même, faveur de plus en plus rare, à la Société Populaire et Républicaine des Arts. Il apporte les arrêtés du Comité de Salut public, qui donnent satisfaction aux vœux des artistes : les monumens que la République veut élever « pour marquer sa puissance et encourager les arts, qui doivent transmettre à la postérité les traits sublimes de la Révolution » sont mis au concours. « L’assemblée reçoit avec transports les heureuse nouvelle que David lui annonce. Un membre, en exprimant l’impression que fait cette bonne nouvelle sur le cœur des artiste qui voyent en un moment tous leurs vœux remplis, demande que le président donne l’acolade fraternelle à David au nom de toute la Société. David et Bousquet se précipite dans les bras l’un de l’autre, au milieu de la salle et des applaudissement de tous les citoyens. »