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latine, est revêtue de marqueteries sarrasines et de mosaïques byzantines. Cependant les héros des Gestes du Nord se mêlent, aux pavemens des cathédrales de Brindisi et d’Otrante, à la foule des monstres orientaux. Le moyen âge n’a pas produit d’œuvres plus complexes et plus fécondes en surprises que ces miniatures des rouleaux de l’Exultet, enluminés au Mont-Cassin, où l’iconographie latine et germanique revêt les formes byzantines les plus pures. La Sicile même ne possède pas de monument plus composite que Castel del Monte, ce château impérial commencé par Frédéric II en 1240, admirable type d’architecture française élevé sur une colline de la Terre de Bari. Cette supériorité de l’art de l’Italie méridionale du XVIIIe siècle sur le reste de la Péninsule ; ces combinaisons et pénétrations réciproques, art byzantin et art germanique, art musulman et art lombard, art antique et art français, qui se résument en Nicola di Pietro d’Apulle, M. Emile Bertaux les a fait admirablement ressortir dans cet ouvrage méthodique, l’Art dans l’Italie méridionale[1], qui groupe tous les résultats acquis par les études iconographiques et où il découvre véritablement tous les apports de l’art français à l’art italien. Il y fallait une connaissance également approfondie des textes, des témoignages et des monumens, une lecture immense et des voyages longs, répétés et difficiles. Ainsi l’art de l’Italie méridionale des premiers siècles du christianisme s’éclaire d’une lumière nouvelle ; peu à peu l’Occident a repris l’empire que l’art romain avait autrefois exercé. On ne saurait d’ailleurs résumer en quelques lignes une œuvre aussi importante, accompagnée de 400 figures dans le texte, 33 planches hors texte et des dessins et photographies de l’auteur, et qui fera l’objet d’une étude spéciale.

L’étude de l’art grec, de l’art byzantin, nous conduit tout naturellement à parler des ouvrages de M. Roger Peyre sur Nîmes, Arles, Orange[2], de M. Charles Diehl sur Ravenne[3], de M. H. Barth sur Constantinople[4], de M. Eugène Schmidt sur Séville[5] ; ces noms seuls évoquent le souvenir de la civilisation grecque et latino-byzantine, dont ces cités renferment les types les plus parfaits en architecture et en sculpture.

L’histoire de l’art n’offre guère de plus grand nom que celui de Rubens, ce maître universel entre tous, ce grand peintre de la vie physique et morale, dont l’œuvre comprend plus de quinze cents ouvrages, la plus considérable et la plus régulièrement parfaite qu’un artiste ait produite. Avec ses allures de grand seigneur et de diplomate,

  1. Fontemoing.
  2. Henri Laurens.
  3. Henri Laurens.
  4. Henri Laurens.
  5. Henri Laurens.