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l’événement, qu’on ne l’accuserait pas de sa mort. Les témoignages vous ont prouvé qu’il a mené une vie aventureuse, que ses besoins ont été extrêmes, que ses passions sont excessives, que son avidité et sa haine sont sans frein. Vous êtes convaincus maintenant que jamais plus beau type ne fut offert à un romancier ; au nom de l’art et de la science, au nom des chirurgiens, des romanciers et des sculpteurs, j’abandonne l’accusation et je demande à la cour de rendre à la société un homme qui en est le plus bel ornement. »

Vous voyez, cher ami, que je vous envoie une apologie en règle. Quand vous viendrez rue du Sabot, je vous ferai celle de mes opinions en peinture, et nous nous contredirons. Il n’y a rien de plus amusant.

Merci de votre offre si aimable aux Débats. On ne commencera à m’imprimer qu’en janvier. Croyez que je n’écouterai pas Hachette. Je changerai tout au plus la table, et le premier chapitre sur le critique idéal...


A Guillaume Guizot.


Paris, 3 juin 1856.

Mon cher Guillaume, l’article sur Richard Cromwell et la Révolution d’Angleterre[1] a été retardé pour des raisons typographiques, vous le verrez jeudi. J’ai appliqué ma méthode fausse ou vraie. Il s’agissait d’un monument. Je l’ai trouvé trop grand pour le louer simplement, j’ai essayé de le définir. Vous savez notre traité. Accomplissez vos engagemens là-dessus, et franchement, à brûle-pourpoint, sans mettre de gants ni de manchettes. Je vous en promets autant à l’occasion.

Me voici peut-être votre collaborateur aux Débats. Un tiers m’a proposé de me proposer à M. de Sacy, qui m’a demandé trois articles sur Saint-Simon. Ils sont livrés, passeront-ils ? Si oui, j’en serai enchanté, ce sera une camaraderie de plus entre nous. M. Buloz m’a accusé à ce sujet de concubinage. J’étais déjà ajourné, quoique imprimé, avec épreuves corrigées[2]. Je ne sais pas si je le serai indéfiniment.

Vous voyez un malade qui vous dit vite adieu et vous serre la main. J’ai de grands maux de tête, je ne puis plus travailler,

  1. De M. F. Guizot.
  2. Il s’agit de l’article sur Shakspeare.