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A M. Cornélis de Witt.


Paris, 18 octobre 1861.

Mon cher ami,

J’ai eu hier une audience de M. Rouland qui s’est montré fort aimable.

Il m’a d’abord répété les objections contenues dans sa réponse à M. Guizot. J’ai vu qu’il considérait le nouveau cours comme un cours de collège et je l’ai détrompé. Je lui ai expliqué qu’il était analogue à celui de l’Ecole polytechnique, qu’il s’agissait d’ouvrir et d’exciter des esprits, etc. Là-dessus, il a changé entièrement de ton, il a déclaré qu’il ne s’opposait plus à ma candidature, que même il l’acceptait, qu’il était heureux de me voir rentrer dans l’Enseignement, que plus tard même il pourrait se présenter quelque chose à l’Ecole normale ou ailleurs ; de sorte que je regarde la nomination comme presque absolument certaine.

La seule objection est contre la trop grande étendue du cours, et mon avis est un peu le même.

Je n’ai pas besoin, je crois, d’abuser une seconde fois de la bienveillance de M. Guizot. Je n’ai plus qu’à le remercier ; son obligeance est égale à son accueil.

Les professions de foi et le ton de la conversation de M. Rouland m’ont paru beaucoup plus libéraux et plus aimables pour moi que le ton de sa lettre. Il n’y avait plus la moindre nuance de blâme, il exprimait simplement un dissentiment personnel, et approuvait les investigations libres et même hardies de l’esprit scientifique.

J’ai vu Guillaume ici. Il abonde dans le sens du Casaubon.


A M. Cornélis de Witt.


Paris, 31 octobre 1861.

Mon cher Cornélis,

Au dernier moment mon affaire de Saint-Cyr a manqué. Le maréchal a conservé le titulaire.

Le général directeur de l’École, le général inspecteur, et l’inspecteur d’Académie ont alors fait une charge d’ensemble qui n’a pas abouti non plus. M. B... a eu un frère tué en Crimée,