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L’ENTRÉE DES ALLIÉS Á PÉKIN
(14, 15 AOUT 1900)


I

Dans la nuit du 14 août 1900, la petite armée internationale qui s’était portée, de Tien-Tsin, au secours des Légations assiégées dans Pékin, avait pénétré dans la capitale chinoise. L’objectif principal que s’étaient assigné les Alliés, était ainsi atteint : il avait été obtenu grâce à une vigoureuse offensive et au prix de persévérans efforts. On peut ajouter, sans amoindrir l’importance du résultat acquis, qu’il avait été singulièrement facilité par l’état de désorganisation dans lequel se trouvait l’armée chinoise, qui, désorientée, sans commandement, tout au moins sans direction, sans plan général de défense, et manquant totalement d’initiative, au lieu de harceler les troupes alliées dans leur marche, de leur disputer les abords de la capitale, c’est-à-dire d’appliquer les règles les plus élémentaires de la tactique et de faire preuve de quelque virilité, s’était bornée à attendre le choc de l’ennemi derrière de hautes murailles. Bien plus, les défenseurs n’avaient pris ni la précaution d’accumuler, en avant des points les plus exposés aux attaques, des mines, des fougasses et autres défenses accessoires dont les Chinois excellent d’ordinaire à faire emploi, ni de renforcer, à l’intérieur, les portes les plus menacées, au moyen de madriers, de sacs de terre, etc., afin de les mettre à même de résister à l’explosion d’une charge de dynamite ou de projectiles d’artillerie ; enfin, ils n’avaient même pas eu le souci d’assurer, d’une manière convenable, la garde des