Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 19.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

susceptible de procurer ce résultat, alors même, comme on le savait par les renseignemens qui venaient de parvenir, le 12 août, à Tong-Tchéou, aux corps alliés, par des émissaires des Légations, que les assiégés étaient en état de continuer leur résistance, au moins jusqu’au 20 août.

Le désir non avoué, de la part de l’un des chefs, d’atteindre ce résultat avec ses seules ressources, à l’insu des autres, soit en utilisant des renseignemens secrets, soit en brusquant les événemens, et uniquement dans le dessein d’en revendiquer tout l’honneur pour son pays, était moins facile à justifier : tous les contingens alliés ayant, en effet, contribué, dans la mesure de leurs moyens, et grâce à une entente, jusqu’à ce jour aussi complète qu’il était permis de l’espérer, à la réalisation de l’œuvre commune, — œuvre qui n’a pu, en fait, être accomplie que par suite de cette heureuse coopération, — tous, au même titre, avaient droit à participer à cet honneur. Enfin, les reconnaissances des 12 et 13 août ayant constaté que les approches de Pékin n’étaient point défendues, il y avait ainsi, à tous les points de vue, pour les Alliés, un intérêt de premier ordre, avant de se ruer pour ainsi dire à l’intérieur de la capitale chinoise, à en concerter tout au moins un plan rationnel d’occupation. Pour présenter de ce drame militaire, dont les phases constituent comme autant d’actions partielles qui se sont déroulées sur des points distans les uns des autres de plusieurs kilomètres, un aperçu se rapprochant le plus possible des conditions de la réalité, — malgré l’inconvénient de quelques redites et au risque d’accentuer davantage encore le décousu de ces opérations, — nous donnerons successivement la parole, pour relater la part qui y a été prise par chaque contingent, à l’un des acteurs ou des témoins de ce drame. Nous croyons devoir, toutefois, dès à présent, signaler l’incohérence qui a présidé aux dispositions générales qui ont amené la chute des remparts de la capitale chinoise ; l’absence, là, comme ailleurs, d’une direction supérieure, le manque absolu de liaison entre les différens corps : on y voit deux contingens qui avaient négligé de s’éclairer sur leurs flancs, se fusiller à petite distance, pendant dix minutes, avant de reconnaître leur méprise ; un chef n’hésitant pas à refuser son concours, d’autres à reconquérir leur indépendance, au moment où la solidarité s’imposait le plus, etc. Par bonheur, l’on était en Chine, et une chinoiserie, comme on l’a dit souvent, au cours