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connaissance de notre langue et qui, en tout cas, parle parfaitement l’anglais. Celui-ci est aux avancées, à la porte même de Tchi-Koua-Men ; un officier d’état-major y accompagne le général. Après une très longue attente, à proximité de cette porte, cet officier vient lui rendre compte que le général Fukushima est parti avec les deux bataillons japonais pour la porte de Toung-Pien-Men.

Il est huit heures du soir : après force pourparlers et force gestes, le général finit par faire comprendre à l’officier japonais qu’il veut se rendre le plus rapidement possible au quartier général russe, à cette porte de Toung-Pien-Men. Six soldats lui sont adjoints pour lui servir de guides par le chemin de traverse suivi par les deux bataillons japonais ; il est impossible de prendre la route qui y mène directement, en longeant le pied des remparts, comme le général Frey en manifesta le désir, ceux-ci étant encore occupés par les Chinois qui tirent sur tout ce qui se présente à proximité de la muraille.

C’est ici le lieu de répondre à quelques critiques qui ont été formulées, — non à l’étranger, mais en France, — au sujet du rôle joué par le général Frey, dans cette journée du 14 août, et où il lui est reproché d’avoir cru devoir se conformer à la décision qui avait été prise, le 12, en conseil, à Tong-Tchéou, par les généraux alliés, de tenir une nouvelle conférence le 14, dans l’après-midi, sous les murs de Pékin, pour régler les conditions de l’attaque de la capitale chinoise ; d’avoir perdu la plus grande partie de la journée du 14 à la recherche du camp russe où devait avoir lieu cette réunion ; de n’être par suite arrivé dans le quartier des Légations que quinze heures après les troupes alliées.

1° La décision, prise par le général Frey, d’établir ses troupes au bivouac du premier barrage, était rationnelle à plus d’un titre, si même elle ne s’imposait pas d’une manière absolue et d’abord, en ce qu’elle était dictée par des sentimens de loyauté et de confraternité militaire dont on ne saurait faire un grief à un chef qui mettait un point d’honneur à respecter scrupuleusement les conventions arrêtées entre les commandans des contingens, à la suite des renseignemens que ceux-ci avaient reçus sur la situation des Légations. Le général prenait ainsi position, à l’heure fixée, sur le point assigné comme lieu de rendez-vous aux corps alliés.